Spoon
LOMAVISTA/ANTI La France est un des derniers pays dont les référendums de fin d’année ne se mettent pas en branle-bas de combat à chaque sortie d’un nouvel album de Spoon. Le silence assourdissant qui répond chez nous à chacun de leur disque demeure un mystère, qui risque peut-être de s’épaissir encore un peu avec ce huitième album. Car là où nombre de groupes réussissent difficilement à ne pas épuiser tout leur carburant en un ou deux disques, Spoon parvient encore à mûrir, et à s’affiner davantage à chaque production, gardant toujours en tête l’adage qui dit que lessismore. Spoon a vraiment inventé un son, basé autour de la retenue et d’une maîtrise totale de l’accident dans l’interprétation, jusque dans la voix magnifiquement rauque de Britt Daniel, qui sait exactement quand s’érailler pour flanquer des frissons à l’auditeur. La magie émerge alors de la somme de ces accidents, au point qu’il en devienne difficile d’imaginer comment le groupe pense et compose ses titres. Au milieu de “Knock Knock Knock” par exemple, quatre secondes seulement d’une guitare ultra saturée viennent parfaire et compléter un titre construit autour d’arpèges et de sifflements. Comment leur est venue l’idée ? En revanche, dès qu’on l’entend, on sait qu’ils ont bien fait de le faire. En dix titres comme toujours largement plus subtils que ne le suggère la première écoute (“Outlier”, l’exceptionnel “Rainy Taxi”), les Spoon (pour la première fois produits par Dave Fridmann) confirment qu’ils sont bien les parrains d’une sorte de power pop minimaliste, d’ailleurs saluée par beaucoup de leurs pairs outreAtlantique, Arcade Fire en tête, qui vient de les (ré)inviter en première partie de dates américaines. THOMAS VANDENBERGHE