Rock & Folk

Julien Gasc

- “Cerf, Biche Et Faon”

BORNBAD Il y a des disques qui changent une vie. Sans vraiment savoir pourquoi, les chansons s’immiscent, fixent la mémoire et c’est déjà trop tard. On ne les oubliera plus. L’album de Julien Gasc, au doux titre animalier et à la pochette spectrale, appartient à cette catégorie. Bien sûr, on ne parle pas ici d’une pop calibrée ni d’un rock frontal, facile, fait pour... Ici, il faut accepter d’être bousculé, provoqué, ébloui. “Nos Deux Corps Sont En Toi” impose d’entrée une voix perchée, des brumes plastiques, on pousse les portes d’une église après la chute des dieux. “La Boucle” bégaye avant de se lancer dans un drôle de refrain mantra. “Mabouche sanstoin’existaitpa­s...”, imparable avec sa petite guitare fragile et tenace, Gasc chante comme un druide noir. “La Cuarenta”, c’est un piano isolé, des choeurs qui passent, un songe qui refuse de crever au matin. “Ensemble” ressemble à la pochette, sorte de chanson extraite du sable des temps, nostalgie au sépia magique. “Tu M’As Quitté” poursuit dans cette veine intime et mélancoliq­ue. Il y a cette force chez Gasc, cette capacité à mêler larmes et sourires en coin, fixation et mouvement perpétuel, douceur et violence. “Empruntant” se compose de différente­s sections, de plusieurs vitesses, donnant à l’ensemble l’apparence d’un navire parti à la conquête du dernier coeur. Sans oublier “Fuck”, comme tombé d’une autre planète, titre sauvage, noise, presque bourrin, qui énervera les hipsters et confirmera aux autres que Gasc peut tout faire. Ses fantômes en valent beaucoup d’autres. Ce disque sur l’amour, les Hommes, le nombril cannibale, la mort et donc la vie, est une pépite avant la Ruée. Une pierre qui ne se négocie pas encore. Magnifique. JEROME REIJASSE

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