Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleures galettes microsillon du moment.
LED ZEPPELIN “Led Zeppelin” “II” “III”
Atlantic
Pour la réédition de ses trois premiers albums, Led Zeppelin a vu grand : version classique, version avec disque bonus, et coffret superdeluxe gavé de goodies (livre de photos, album en CD, fac-similés divers...). Tous les fans du groupe y trouveront leur compte, des plus modestes aux plus fortunés. C’est Jimmy Page qui a supervisé l’opération, en particulier cette remasterisation au son énorme qui fait trembler les murs. Côté disques, le travail sur les pochettes est remarquable, on est particulièrement heureux de retrouver la pochette de “Led Zeppelin III” avec ses pochoirs et son plateau circulaire. Voilà un groupe qui sait mettre en valeur son patrimoine et respecte ses fans.
CAN “Monster Movie” “Soundtracks” “Tago Mago” “Ege Bamyasi”
Spoon
Pendant de longues années, le catalogue de Can n’était pas disponible en vinyle. Ce manque a fait la joie des bootleggers qui ont pressé et re-pressé ces chefsd’oeuvre du rock allemand, au grand désespoir des fans forcément déçus par la piètre qualité sonore de ces pirates. Spoon a repris les choses en main en publiant l’intégrale de Can dans un monumental coffret de 17 vinyles fin 2013. Six mois plus tard, certaines de ces rééditions — au son remasterisé et aux pochettes emplies de photos inédites — arrivent enfin dans les bacs individuellement. Pour l’instant, seuls les quatre premiers albums ont refait surface. Unique faute de goût (mineure) : le double album “Tago Mago” est réédité avec sa pochette moderne identique à celle du CD de 2004 (l’originale allemande présentait une photo du groupe sur scène).
THE RED KRAYOLA “Coconut Hotel” “Hazel” “Singles”
Drag City
“Coconut Hotel”, publié pour la première fois en vinyle, est le deuxième album enregistré par The Red Krayola (alors nommé The Red Crayola) en 1967, juste après “The Parable Of Arable Land”, chef-d’oeuvre de rock expérimental assez barré. Le label du groupe le refusa à l’époque, le jugeant trop extrême — on le comprend : la face B contient une trentaine de morceaux intitulés “One-Second Piece” durant entre 2 et 5 secondes — et Drag City ne l’a exhumé en CD qu’en 1994. Egalement réédités, “Hazel”, sorti en 1995, et la double compilation “Singles”, montrent la face la plus accessible de ces musiciens aux idées folles et s’avèrent bien plus passionnants.
SONIC YOUTH “Daydream Nation”
Sonic Youth Recordings
“Daydream Nation” est un disque charnière dans la carrière de Sonic Youth. C’est l’album qui a permis à la clique de Thurston Moore de percer et de signer chez Geffen, celui où le groupe
a trouvé l’équilibre idéal entre véritables chansons (“Teen Age Riot”) et passages bruitistes (“Rain King”). On a tendance à l’oublier, à sa sortie “Daydream Nation” était un double album. Cette réédition fidèle propose un poster du groupe (flou, forcément) ainsi que l’obligatoire bon de téléchargement. La pochette, signée Gerhard Richter, est magnifique dans son format d’origine.
THE BATS “Daddy’s Highway” “The Law Of Things” “Compiletely Bats”
Captured Tracks Originaires de Nouvelle-Zélande, The Bats sont apparus au milieu des années 1980 dans le sillage de la scène lo-fi initiée sur l’archipel par The Clean. Captured Tracks réédite les deux premiers albums du groupe ainsi qu’une compilation de ses premiers EP. “Daddy’s Highway”, sorti en 1987, est une pépite qui mérite d’être redécouverte, un sommet de pop mélancolique sans prétention mais empli d’harmonies célestes, guitares carillonnantes et mélodies mémorables (“Block Of Wood”).
SLINT “Spiderland”
Touch & Go “Spiderland” de Slint possède tous les ingrédients de l’album culte : à sa sortie les critiques l’ont adoubé mais peu de monde l’a écouté, il pose les bases d’un genre (le post-rock). C’est le dernier album du groupe et certains de ses membres ont connu le succès une fois qu’ils l’ont quitté (David Pajo avec Tortoise, le chanteur Brian McMahan avec Palace Brothers). Publié à l’origine en 1990, ce monument de rock taciturne est réédité en vinyle pour la première fois depuis vingt ans (avec remasterisation de rigueur), accompagné du DVD du documentaire “Breadcrumb Trail” qui retrace la genèse de l’album. Les bonus et démos qu’on trouvait dans l’exubérant coffret “Spiderland” publié en début d’année sont sagement consignés au bon de téléchargement.
THE BBC RADIOPHONIC WORKSHOP “Fourth Dimension”
Music On Vinyl Dans les années 70, la BBC s’était dotée d’une unité destinée à composer les génériques d’émission radio et TV. Les musiciens qui la composaient étaient de drôles de zozos aimant expérimenter avec des synthétiseurs de la taille d’une armoire normande. Parmi eux, Paddy Kingsland — dont les compositions sont ici compilées — construisait des mélodies pop autour de sons étranges, un peu à la manière de Kraftwerk (“Vespucci”). A la fois naïves et avant-gardistes, ces vignettes électroniques n’ont pas pris une ride.
Nouveautés JACK WHITE “Lazaretto”
Third Man Comment ne pas évoquer la prouesse accomplie par Jack White pour la publication de son excellent “Lazaretto” ? La version Ultra de l’album est un délire de geek : sillons parallèles avec des intros différentes sur “Just One Drink”, sillon sans fin ( lockedgroove) sur chaque face, disque qui se joue de l’intérieur vers l’extérieur (!), macarons sur lesquels sont gravées des pistes, hologramme caché dans le vinyle... Il suffit de voir la vidéo où White décrit luimême toutes ces innovations. On ne peut que le féliciter : en rendant un tel objet accessible à tous (et pas seulement en édition limitée), il a pulvérisé le record de ventes de vinyles aux USA en écoulant 40 000 exemplaires de “Lazaretto” en une semaine. Respect.
LES KITSCHENETTE’S “2e Etage : Lingerie Pour Hommes”
Soundflat Inspirés par l’esthétique des années 1964-67, les Kitschenette’s proposent sur leur deuxième EP — un magnifique vinyle bleu 25 cm glissé dans une pochette au design rétro — six reprises de morceaux obscurs gorgés de fuzz et d’orgue Philicorda : “L’Ascenseur” de Norman Gagman Gang, “Il Geghege” de Rita Pavone, “J’Ai L’Air De Quoi” des Incorrigibles ou encore “Baby, Let Your Hair Down” de Graeme Chapman (sous le titre de “Garder Les Cheveux Courts”). Une sélection sans faute de goût, interprétée avec talent.
45 tours LES SENDERS “What I’d Say” “Les Cheveux Longs”
Caméléon Parmi les dizaines de groupes français qui officièrent dans l’obscurité durant les années 60, Les Senders sont restés à la postérité grâce à leur ode capillaire “Les Cheveux Longs” sortie en 1966. Les disques originaux étant aussi rares qu’onéreux, Caméléon réédite pour toutes les bourses les deux uniques EP de cet éphémère groupe beat nourri aux Animals et Them.
CHEAP RIOT “Part-time Vacancy”
Croque Macadam Après quelques mois de teasing sur les scènes parisiennes, Cheap Riot publie enfin son premier single. Ces apôtres des Television Personalities possèdent à la fois aisance mélodique et attitude punk. On aime !