Ablations
C’est parce qu’il a rêvé (après une nuit de beuverie !) qu’on lui volait ses reins que le Grolandais Benoît Delépine a écrit le scénario expiatoire d’ “Ablations”, histoire d’un pauvre gars qui tente de remettre la main sur l’un de ses deux organes vitaux qu’on lui a soustrait de force. Désirant en faire un film dans l’esprit de David Lynch, Delépine donne sa chance à un tout jeune metteur en scène de 23 ans, Arnold de Parscau, qui transcende le script en un road movie cauchemardesque. Tout au long de ce périple absurde, on croise une galerie de personnages décalés ou traumatisés par leurs parcours de vie. Tous interprétés par d’excellents acteurs comme Virginie Ledoyen (touchante en femme délaissée), le duo Philippe Nahon/ Yolande Moreau (flippants en voleurs de reins d’enfants) et, surtout, l’incroyable Florence Thomassin, quasi hypnotisante en amoureuse transie bougeant et agissant comme une mante religieuse avide de récupérer son aimé. Mais “Ablations” est également un film de réalisateur. Arnold de Parscau tente différentes atmosphères étranges, à coups de séquences twilightzonesques représentant les visions atrophiées de l’excellent Denis Ménochet (l’homme au rein disparu) dont le mental bascule progressivement (tout comme celui du spectateur) sous la prise constante de médicaments post-opératoires. Un good very bad trip (en salles le 16 juillet).