Mort d’un tueur

On était parés. On avait tout fait bien. Tommy Ramone, défuncté le 11 juillet ? Allez hop, Eudeline va battre le rappel du dernier carré punk... Là-dessus, Johnny Winter nous quitte... Et c’est notre Caso national qui nous pond la nécro en pestant qu’on ne l’y reprendra plus. Et puis ce matin, alors qu’on termine le magazine, un texto de Jonathan : bloody Hell ! Dick Wagner, guitariste de légende, est mort à son tour et cet édito va tenter de rappeler ce que le rock doit au distingué soliste. A commencer par The Frost, légendaire groupe de Detroit qui permit au très jeune guitariste de se lancer dans des solos d’anthologie. Frost cartonnait en France avec son fameux single “Rock’n’Roll Music” que Wagner est déjà loin : Ursa Major, puis la fameuse tournée Lou Reed dont sortira l’album “Rock’n’Roll Animal” ( lire l’histoire de toute l’affaire dans notre numéro hommage à Lou Reed, R&F 556). Dick Wagner met au point sa dual attack pentatonique avec son collègue Steve Hunter. Lou Reed trouve ce nouveau groupe trop onéreux ? Alice Cooper récupère la bouillante formation, qui joue sur “Welcome To My Nightmare” (et fera de longues tournées avec le Coop). Sur son site officiel, Alice est logiquement effondré : “On a beau savoir que personne n’est immortel, Dick Wagner sera irremplaçable. Plus personne ne sait jouer comme ça.” Seul moyen de revoir Wagner et Hunter en action, “Devil’s Food” sur le DVD “Welcome To My Nightmare”, 1975. Encore une perte immense pour le rock. D’autant que Wagner était un homme de l’ombre qui avait également enregistré avec Aerosmith, Elliott Murphy, Justin Paige, Kiss, Ruth Copeland, Ray Manzarek, Peter Gabriel, Tim Curry, Artful Dodger, Mark Farner, Etta James, Nils Lofgren, Meat Loaf, Rod Stewart, Lita Ford, Air Supply. Foudroyant dans les rocks durs, Wagner savait également composer des ballades géniales, “Only Women Bleed” restant la référence. Descendant du compositeur allemand avec lequel il avait gardé une ressemblance physique frappante, Dick Wagner avait publié un album solo sous son nom, le disque se retrouvait souvent dans les rayons Musique Classique. Dick était un guerrier de la route, hommage à lui, à Tommy, à Johnny. Et maintenant, je vais monter dans mon avion pour la Corse, en espérant que les pro-Russes Ukrainiens ne nous mettent pas un missile sol-air dans la carlingue. Et vive Pussy Riot !