Rock & Folk

“Terminé” SLASH

Après les années de folie Guns N’Roses, le guitariste anglais tâte désormais du médiator en compagnie du chanteur Myles Kennedy. Retrouvail­les en toute décontract­ion.

- RECUEILLI PAR THOMAS BOUJUT Album “World On Fire” (Roadrunner)

Aiguisés comme une lame, pointus comme un couteau, ses longs solos cristallin­s demeurent sa marque de fabrique. Héritier de Page et Perry, Slash, ex-Guns N’Roses, ne baisse pas la garde. Fraîchemen­t sorti de studio, le plus célèbre guitariste à chapeau débarque avec son nouvel album solo, le troisième sous son nom, le second entouré de Myles Kennedy et des Conspirato­rs. Le titre, “World On Fire”, tout un programme ! Rencontre avec celui qui fut, un temps, derrière le manche du plus grand groupe de rock du monde.

Pas un dictateur

ROCK&FOLK : C’est quoi, pour vous, un guitar hero ? Slash : C’est une expression que je n’ai jamais vraiment utilisée, et encore moins en ce qui me concerne, mais je suppose que l’on pourrait dire que c’est un guitariste qui est parvenu à obtenir un son et une identité propre, quelque chose comme ça.

R&F : Quel a été le déclic qui vous a un jour décidé à vous emparer d’une guitare et d’apprendre à la maîtriser ? Slash : A 14 ans, chez mon pote Steven Adler, qui plus tard est devenu le batteur de Guns N’Roses. Il avait une guitare électrique et un petit ampli. On s’amusait à jouer sur des disques de Kiss. Mais je ne pensais même pas pouvoir faire ça profession­nellement un jour. Mes vrais débuts, c’est avec une basse que je les ai faits. Avec mon prof quand on répétait, lui utilisait une guitare acoustique. Le jour où il s’est mis à jouer des plans de Clapton, je me suis dit : Hey ! c’est ça que je veux faire. J’ai laissé tomber la basse pour me consacrer corps et âme à la guitare. C’est ma grandmère qui m’a filé ma première guitare, une vieille espagnole qui avait échoué chez elle, et qui n’avait plus qu’une corde...

R&F : Quels étaient les guitariste­s qui vous bottaient plus que les autres ? Slash : Pour avoir ma préférence, il fallait jouer sur une Gibson Les Paul, comme Mick Taylor, Mike Bloomfield et bien sûr Jimmy Page. Ils avaient le son auquel je voulais m’identifier. Donc, tous les riffs de Led Zep très heavy, c’était mon truc, une grosse influence pour moi. Ensuite j’ai eu ma période Aerosmith, un autre groupe estampillé Les Paul.

R&F : “World On Fire” est le deuxième disque que vous enregistre­z avec Myles Kennedy & The Conspirato­r... Slash : Je ne veux pas comparer cet album avec ce que nous avons fait ensemble avant, mais le fait que nous ayons changé de producteur (Michael Baskette) nous a permis d’enregistre­r un disque qui sonne au plus proche de ce que nous sommes. Michael m’a aidé à obtenir le son de guitare que je voulais vraiment. Le boulot qu’il avait fait avec Alter Bridge, l’autre groupe de Myles, m’avait scotché. Sans tergiverse­r, il nous a fait sonner mieux qu’on ne l’aurait rêvé.

R&F : En studio faites-vous office de leader ? Slash : Non pas vraiment, je ne suis pas un dictateur.

Mes idoles

R&F : Avez-vous de la nostalgie pour la grande époque de Guns N’Roses ? Slash : Il ne vaut mieux pas, car de toute façon on ne peut pas recréer ce genre d’expérience­s, surtout vingt ans plus tard. Ce qui est terminé est terminé. Je l’ai vécu, tant mieux, merci. Je n’ai pas envie de philosophe­r sur le pourquoi de la fin de Guns N’Roses... Mais que les choses soient claires, je n’ai pas quitté les Guns. Quand Axl a remonté le groupe, je ne me suis simplement pas joint à eux. Mais je suis un bosseur acharné, j’y mets toute l’énergie nécessaire. J’essaie d’être toujours à l’heure au studio et, quand j’arrive, les gars sont déjà là en train de bosser.

R&F : Après avoir été tête d’affiche avec Guns N’Roses, vous avez recommencé à faire des premières parties, comme celle d’AC/DC au Stade de France en 2010... Slash : Je n’ai aucun état d’âme. Alors c’est vrai, quand on passe en première partie, on ne peut pas faire un set aussi long qu’on voudrait. Mais bon, passer avant AC/DC, pas de problème c’est quand ils veulent. Cet été, j’ai fait quelques dates en première partie d’Aerosmith, c’était pareil. Ces types sont mes idoles.

R&F : Vous allez bientôt passer le cap des 50 balais. Pensez-vous toujours que le rock’n’roll est un truc de kids ? Slash : Bien sûr que les gamins adorent le rock’n’roll comme je l’aimais aussi. Le rock c’est un truc qui transcende, il n’y a pas d’âge pour ça. C’est une façon d’appréhende­r chaque journée qui commence, d’être un rebelle contre l’ordre établi. Dylan a plus de 70 balais... Le rock a vieilli en même temps que ceux qui le faisaient...

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