Morrissey
“World Peace Is None Of Your Business”
HARVEST/CAPITOL
Ces derniers mois, le personnage médiatique Morrissey nous a donné pas mal de raisons de nous agacer. Entres annulations de tournées aux justifications douteuses, intégrisme végétarien de plus en plus radical (malgré tout notre respect pour les gens qui ne mangent pas de steaks) et une autobiographie plus masturbatoire qu’éclairante, on avait hâte de retrouver le Morrissey pop star qui nous manquait tant. Problème : à l’écoute de “World Peace Is None Of Your Business”, on se demande si on n’aurait pas mieux fait de lâcher l’affaire. Certes, les premiers titres entretiennent l’espoir et distillent quelques instants savoureux. “World Peace...” est assez splendide. “Earth Is The Loneliest Planet” avec ses rythmes latinos s’avère envoûtante. “Staircase At The University” rappelle le Morrissey mordant et narquois des premières heures. “Istanbul” dévoile une poésie désespérée assez désarmante. Seulement voilà, entre ces moments de grâce, on s’ennuie fermement. Les mélodies sont répétitives. Les musiciens accompagnant le Moz depuis des années semblent à bout de souffle et à court d’idées. Et, un comble, les paroles manquent de finesse et d’impact. The “Bullfighter Dies”, par exemple, dessert le sujet pourtant très juste de la corrida (exclu : Morrissey n’aime pas ça !). Reste la voix du maître et son vibrato magique, miraculeusement intact. C’est fort beau mais ça ne sauve pas tout. Au bout d’une trentaine de minutes, on se prend à attendre poliment que ça se termine. Ce nouvel album, malgré quelques jolies tentatives flamenco, c’est Morrissey en charentaises, qui dirige son navire d’une main molle en s’écoutant parler. JONATHAN HUME