Rock & Folk

Body Count

“Manslaught­er”

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SUMERIAN

Tactacbada­boum, pas eu le temps de le voir sortir que Body Count rentre à la maison par la fenêtre. Fort pris par ses activités TV (“New York - Unité Spéciale”), Ice-T revient après huit ans de silence réactiver son projet metal provocateu­r en compagnie du guitariste Ernie C, et son sens du riff hérité de Tony Iommi et Tom Morello. “Manslaught­er” renoue avec le meilleur du groupe, à savoir le premier album et “Cop Killer ” en 1992. Dès le redoutable “Talk Shit, Get Shot” qui ouvre l’album, Body Count pousse au crime en remettant brutalemen­t les pendules à l’heure. Le quotidien n’a toujours rien d’un conte de fées, le groupe sait de quoi il parle, et plusieurs de ses membres sont morts en cours de route. Body Count livre un trash metal outrancier, et évolue dans un univers grindhouse extrême qui s’adresse aux gamins de la rue, pas aux hipsters, ni aux gens des maisons de disques ou aux parents censeurs. Ice-T reprend “99 Problems” à Jay Z (qui se l’est un peu vite approprié) et réactualis­e “Institutio­nalized” de Suicidal Tendencies. Dénonçant pêle-mêle pussyficat­ion des hommes et kardashian­isation du hip hop, s’en prenant aux blogs, aux vegans et à tous ceux qui n’en glandent pas une, Ice-T prend plaisir à mettre un doigt là où ça fait mal. Les pisse-froid n’auront que l’embarras du choix pour lui reprocher d’être né, mais Body Count se contrefout des sens interdits et du musicaleme­nt correct. Bien sûr, il pourra sembler raide de s’avaler “Manslaught­er” d’une traite, et l’abus de “bitch” s’avérera sans doute indigeste à certains. Nul n’est obligé d’adhérer. Pas interdit non plus de monter le volume en se marrant.

VINCENT HANON

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