Angus & Julia Stone
“Angus & Julia Stone”
DISCOGRAPH
Sincèrement, on imagine mal Rick Rubin se fourrer, tout seul comme le grand qu’il est, dans une quelconque galère. Plus exactement un gamin, le producteur de Beastie Boys, Johnny Cash, Donovan ou Adele, également fondateur de labels (Def Jam, American), ne travaille plus qu’à la carte et n’investit son temps que dans des projets auxquels il croit et dont il lui arrive d’être l’initiateur. C’est le cas du troisième album de ce duo australien dont le tube “Big Jet Plane” a fait le tour du monde en 2010. Frère et soeur, les Stone avaient ensuite décidé de voler de leurs propres ailes (se consacrant à leurs carrières solo respectives) et l’idée de réenregistrer ensemble leur aurait été soufflée par Rubin, un fan. Persuasif dans son genre, il a convoqué Angus et Julia dans son studio californien, pensant que la magie allait opérer. C’est le cas sur le plan sonore : sorcier barré dans sa tête et lorsqu’il tripote les potards, le producteur a confectionné une ambiance folk décalée, striée d’éclairs blues pâle et de rock réverbéré, assez proche de celle de la jeune scène psyché de San Francisco. Seulement, et c’est trop bête, “Angus & Julia Stone” ne croule pas sous les grandes chansons. Quel dommage ! “My Word For It” est sympathique, “Heart Beats Slow” est à deux doigts de le faire, “Wherever You Are” est délicate comme ses arpèges et “Little Whiskey” part d’un bon sentiment. Mais Rubin a eu beau soigner l’emballage, l’album n’est pas à la hauteur de ses promesses. Lorsqu’on est là où Angus et Julia sont assis sur la pochette (le Griffith Observatory ? Mulholland Drive ?), on rêve aux grandes choses qu’on fera un jour. Le tout est de les porter en soi et savoir les sortir au bon moment. JEROME SOLIGNY