Robert Plant

“Lullaby And The Ceaseless Roar”

NONESUCH Le chanteur retrouve après dix riches années les musiciens de Strange Sensation. Le groupe se fait maintenant appeler The Sensational Space Shifters. Il comprend désormais le batteur Dave Smith, et surtout le virtuose Juldeh Camara, maître du ritti, violon traditionnel à une seule corde. Le Gambien collabore depuis plusieurs années avec le guitariste Justin Adams, et Plant les avait déjà rejoints sur scène. Cette nouvelle formation marque le retour de Plant à son obsession pour la musique africaine. Si “Band O Joy” à une seule exception ne contenait que des reprises, ce nouvel album est constitué de morceaux originaux avec deux adaptations d’airs traditionnels. L’ensemble des musiciens sont crédités pour chaque chanson. Dès le premier titre, “Little Maggie”, on pense à Peter Gabriel pour le côté world music modernisée, et le traitement sonore sur les rythmiques. Le ritti se mêle tellement bien aux instruments occidentaux qu’on croit parfois entendre un violon irlandais. La palette vocale de Plant semble encore s’enrichir avec sa volonté de ne jamais forcer. Si certains jours la puissance dont il faisait preuve dans sa jeunesse peut lasser, on ne peut être qu’émerveillé par la douceur de sa voix à l’écoute de “Pocketful Of Golden”, titre majeur de ce nouveau disque avec le plus léger mais entêtant “Somebody There”. Les guitares sonnent aussi merveilleusement bien (le très beau solo sur “Turn It Up”) mais rappellent à quel point Plant a tiré un trait sur le rock dur. Le vocaliste légendaire accepte de vieillir et ne cherche pas à courir après l’image de dieu du rock qu’il incarnait dans sa jeunesse. Ceux qui espèrent désespérément une reformation du Zeppelin ne méritent même pas d’écouter cet album. BRIAG MARUANI