La Position Du Tireur Couché
“Chic”
PULCOPOP Après un premier essai remarqué en 2005, La Position Du Tireur Couché avait disparu des écrans radars, mais son nouvel album, neuf ans plus tard, révèle qu’il ne s’agissait pas d’un one-shot. Le quintette de Clermont-Ferrand cultive toujours ses fondamentaux : pop sixties, souvenirs yé-yé, élégance et dérision. Il opte pour une concision rigoureuse (dix titres en moins de trente minutes sans remplissage ni étirement injustifié) et collectionne les tubes en puissance avec une facilité déconcertante, au gré de mélodies mutines et de refrains enthousiasmants. Exclusivement francophones, les textes pétillants constituent un modèle du genre et sonnent avec une aisance remarquable pour raconter de petites histoires décalées pleines de fraîcheur où l’on croise aussi bien Sinatra que Marvin Gaye ou des clins d’oeil à Gainsbourg : dans cette célébration d’un art de vivre fantasmé, le kitsch est cultivé comme un art, au diapason du parti pris musical et vocal. Les deux voix, masculine et féminine, se renvoient la balle et affirment leur complémentarité, entre néo-Bardot sexy et crooner nonchalant, pour habiter une pop légère et langoureuse dans laquelle Lee Hazlewood demeure le modèle absolu et revendiqué. Car, sous leurs oripeaux de plaisantins, les tirailleurs ont de solides références, ce qu’illustre leur reprise iconoclaste de “Femme Fatale”, susceptible de faire hurler les tenants du bon goût rigidifié : ils ne se contentent pas de s’attaquer à ce classique du Velvet Underground mais le mitonnent à leur sauce, en l’adaptant en français et en proposant une relecture primesautière bien éloignée de son aura ténébreuse et intello. Pari culotté mais pertinent et très... chic. H.M.