Christine And The Queens
“Chaleur Humaine”
BECAUSE MUSIC Après la sortie de trois EP et un passage remarqué aux Victoires de la Musique, voici l’heure du premier album pour Christine And The Queens, pseudonyme derrière lequel officie une jeune chanteuse fascinée par la provocation queer et la confusion des genres. Résolument bilingue, elle a donné pour l’occasion la priorité au français sur l’anglais (sans hésiter à mélanger les deux dans un même texte) et a peaufiné les onze morceaux à Londres, en confiant la réalisation à Ash Workman (Metronomy). Elle a mobilisé deux multi-instrumentistes pour donner toute sa force à un minimalisme instrumental qui se situe au carrefour de l’analogique et de l’électronique et sait trouver la bonne distance entre ces deux pôles grâce à sa cohérence affûtée. L’influence de Björk est évidemment très présente tout au long du disque, les morceaux d’ouverture évoluent dans un univers trip-hop feutré et raffiné (“It”, “Saint-Claude”), et la suite privilégie les ambiances atmosphériques (“Narcissus Is Back”, “Ugly Pretty”), mais le disque trouve véritablement ses marques personnelles en défendant une sorte de chanson française new look (“Half Ladies”, “Chaleur Humaine”) et surtout en imposant des mélodies au charme conquérant : “Christine” et “Science-Fiction” impressionnent par leur douceur offensive, leur parti pris dansant tout en nuances lancinantes et leur production inventive qui donne la mesure d’une séduction vocale irrésistible. La reprise réussie des “Paradis Perdus” de Christophe relève alors de l’évidence : par-delà l’hommage à l’un de ses maîtres, Christine en profite pour convaincre, preuve à l’appui, qu’ils partagent la passion d’un même esthétisme musical. H.M.