Anthropophagous
Bach Films
Stakhanoviste du cinéma bis italien d’antan, Joe D’Amato (de son vrai nom Aristide Massacessi) a cumulé une centaine de films dans tous les genres. Du western spaghetti cuit al dente (“Planque-Toi Minable, Trinita Arrive”), au fantastique érotico-gothique (“Les Vierges De La Pleine Lune”) en passant par le film de guerre (“L’Enfer Des Héros”) et la comédie sexy/ débile (“La Gynécologue De Ces Dames”). Et même, pour survivre, une trentaine de pornos dont des versions hard des vies de Mozart et de Tarzan (avec Rocco Siffredi dans le rôle de l’homme-singe bien membré). Mais c’est surtout en 1980 que D’Amato devient culte. Avec son film d’horreur trash “Anthropophagous”, resté célèbre pour deux séquences outrancières : l’une où le tueur cannibale du film arrache à main nue le foetus d’une de ses victimes et l’autre où il s’ouvre le ventre en fin de bobines pour dévorer ses propres intestins. Absurdes, grotesques, hilarants ou gênants, ces moments dingos impressionnèrent beaucoup les fans d’horreur des eighties. Avec le temps, “Anthropophagous” a évidemment pris une certaine patine kitsch. Notamment sur ses effets spéciaux sanglants, basiques et fait à la va-vite avec un peu de barbaque animale et de maquillage exagéré. Malgré tout, le film laisse encore traîner son aura de série B malsaine. Non pas dans la forme, mais dans le fond. Car quel metteur en scène d’aujourd’hui (même le plus Z) oserait tourner de telles séquences dignes des Fumetti, ces BD gores et graveleuses qui fleurissaient dans les kiosques italiens d’il y a quarante ans ?