Rock & Folk

Cold War Kids

- BERTRAND BOUARD

“Hold My Home”

DOWNTOWN/SONY MUSIC

Voici une petite dizaine d’années, “Robbers And Cowards” avait placé le groupe de Fullerton (Californie) dans la catégorie des grands espoirs : assise soul et guitares indie, du souffle, de bonnes chansons. Plus un chanteur habité, Nathan Willett, doté du charisme nécessaire. Le deuxième album n’était pas vilain, mais les choses ont commencé à partir en eau de boudin peu après. Obnubilés peut-être par cette idée de nextbigthi­ng, le groupe commençait à écrire avec la volonté de décrocher un tube, sans vraiment le trouver d’ailleurs, et bazardait au passage les émouvants épanchemen­ts des débuts. Le guitariste Jonnie Russell quitta le navire pourraison­s

personnell­es, imité un peu plus tard par le batteur Matt Aveiro. Nathan Willett seul aux commandes, avec des supplétifs piqués à Danger Mouse, le groupe aligne aujourd’hui un cinquième album qui, on n’en fera pas mystère, ne corrige pas les travers précédents, loin s’en faut. Les choses partent plutôt pas mal avec “All This Could Be Yours”, riff de piano accrocheur, rythmique groovy, mélodies entêtantes de Willett. Il s’agit, malheureus­ement, du meilleur titre. Derrière, les enfants de la guerre froide s’enrhument sérieuseme­nt le long d’avenues clinquante­s et sans âme. “Drive Desperate”, “Hotel Anywhere”, “Nights & Weekends”, “Hold My Home” arborent ce lyrisme bon marché qui a fait la fortune de Coldplay ou U2, Willett compensant en emphase ce qu’il a perdu en sincérité. Les deux derniers morceaux redressent un peu la barre, l’épuré (enfin) “Harold Bloom” et “Hear My Baby Call”, où perce la ferveur soul des débuts. Une impression de gâchis au final. L’éternelle histoire du talent sacrifié sur l’autel de l’ambition. Un album solo de Nathan Willett pour la prochaine étape ? ✪✪

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