Le Butcherettes
“Cry Is For Flies”
IPECAC/DIFFER-ANT
Nul n’est prophète en son pays. Au-delà de la parabole biblique, le trio mexicain a dû aller à l’étranger pour rencontrer le succès avant d’être pris au sérieux dans le sien. Formé en 2007, Le Butcherettes s’illustre d’abord lors d’apparitions scéniques avec tabliers maculés de sang artificiel et têtes de cochons décapités, afin d’attirer l’attention sur la façon dont sont traités les femmes à Mexico. Il y aurait en effet beaucoup à écrire sur le latinrock, occupé à se rebeller contre tout, sauf le machisme. Au départ 100 % féminin, le groupe garage punk électronique originaire de Guadalajara, dans la région de Mexico, se voit aujourd’hui composé de deux filles et d’un bassiste, mais plus que jamais propulsé par la charismatique Teri Gender Bender, qui joue par ailleurs avec le guitariste Omar Rodriguez-Lopez dans Bosnian Rainbows. Après “Sin Sin Sin” en 2011, ce deuxième album de rock boucher féministe évolue dans une atmosphère sombre et lourde, sous l’influence des White Stripes, Yeah Yeahs Yeahs et Distillers, avec un gros orgue acidulé pour danser. La chanteuse/ guitariste/ compositrice a acquis suffisamment de maturité pour balancer des titres aussi décapants que “Burn The Scab”, “Demon Stuck In Your Eye” ou “Your Weakness Gives Me Life” qui retiennent l’attention par leurs paroles adéquates. Comme la cerise et le brin de persil posés sur un steak saignant, Henry Rollins vient d’abord faire son truc sur “Moment Of Guilt”, puis Shirley Manson fait grimper la température dans “Shame, You’re All I’ve Got”. Régénérant, “Cry Is For Flies” laisse souffler un courant d’air frais dans la canicule polluée. ✪✪✪