Rock & Folk

CW Stoneking

- VINCENT HANON

“Gon’ Boogaloo”

KING HOKUM/DIFFER-ANT

Bonnes nouvelles de la jungle. Après six ans de silence radio, CW Stoneking s’est séparé du Primitive Horn Orchestra, mais aussi troqué son banjo et OldRoy, sa National steel guitar, pour le son chaud et direct d’une Fender électrique. Pas Bob Dylan en 1966, mais tout de même une petite révolution et c’est Tom Waits qui a du souci à se faire à l’écoute de “Gon’ Boogaloo”, cinquième album et le meilleur de la discograph­ie de l’original australien. Fils de Billy Marshall Stoneking, poète et dramaturge américain exilé qui lui a passé le virus de la bonne musique, C. a grandi dans la communauté aborigène de Papunya. Aujourd’hui tout de blanc vêtu avec noeud papillon noir, les cheveux plaqués en arrière et les avant-bras couverts de tatouages, le King Hokum s’est forgé un accent qui n’appartient qu’à lui. De boogaloo, il n’est question que dans le titre et l’attitude, mais pas dans la musique, mélange dense de blues et de rock and roll joué à l’ancienne sans nostalgie, avec inflexions gospel et voodoo, calypso et doo-wop. L’aiguille de la boussole indique toujours les années 30, époque des premiers enregistre­ments de Robert Johnson, Billie Holiday ou Django Reinhardt. Pas de reprises et encore moins de Pro Tools à signaler, toutes les chansons prennent vie à l’aide de la Fender Jazzmaster, de choeurs féminins évoquant des triplettes de Betty Boop et d’une technique rudimentai­re. “Gon’ Boogaloo” a été enregistré en deux jours, avec les musiciens autour d’un seul et même micro pour mieux saisir les ondes et garder la texture d’un son authentiqu­ement anachroniq­ue. De quoi bloquer dans la jungle les six prochaines années. ✪✪✪✪

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