Sonny Vincent
“Spiteful”
STILL UNBEATABLE
Tout soudain paraît vain. Aux antipodes de la pop d’entreprise et en dehors des modes, Sonny Vincent, sa guitare rebelle, son chant passionné et une vie comme aucun scénariste n’oserait imaginer, revient avec Spite, bande de délinquants d’âge mûr. Avec la section rythmique punk, Rat Scabies des Damned et Glen Matlock des Sex Pistols, et le sax ténor de Steve Mackay qui renvoie dans la baraque Stooges, le supergroupe n’essaie pas d’être cool, il l’est. Enregistré en Belgique dans un studio vintage et une atmosphère frénétique, ce disque rancunier, disponible sous superbe pochette et vinyle bleu translucide, a nécessité trois ans d’élaboration pour se voir plié en 35 minutes façon Ramones. Joey était d’ailleurs fan de Sonny et trouvait qu’il avait “quelque chose à dire”. En 1976, l’homme a commencé avec les Testors à New York, rejoint le groupe de Moe Tucker, croisé le manche avec tous les guitar slingers de la planète (Wayne Kramer, Bob Stinson ou Rocket From The Crypt), joué dans des bouges dont les Stones ne soupçonnent pas l’existence et détruit les décibelmètres à Paris. Les morceaux continuent de couler des doigts de celui qui dresse celui du milieu en traversant les époques, décochant du solo qui rappelle ce que ça fait d’être vivant. “White Light White Heat/ In My Ears” avertit sur Macon Vincent, qui se sent bien en France et l’on devrait plus s’en réjouir que de la cote du président. “Clouds” constitue l’un des morceaux les plus poignants qu’il ait jamais écrits et “Dog On The Subway”, l’essence du rock and fucking roll. “Spiteful” peut sauver la vie, et une tournée sans prisonnier devrait suivre. ✪✪✪✪