Rock & Folk

Groupes hard rock, groupes cultes

MOTT

-

On ne donnait pas cher de la peau de Mott The Hoople après les départs conjugués de Ian Hunter et Mick Ronson (qui avait subreptice­ment remplacé Luther Grosvenor). Pourtant, le quintette a su se réinventer en vrombissan­t attelage hard rock, révéré entre autres par Joe Elliott (Def Leppard) et dont les apports seront décisifs à la future naissance du glam metal.

Les premières dates en Angleterre sont très bien reçues, puis Mott embarque pour les Etats-Unis, où il ouvre pour Kiss — Ray Major se découvre alors avec Gene Simmons une passion commune pour Boris Karloff et les films d’horreur vintage — mais aussi Aerosmith, Slade ou Montrose. Là encore, le public est enthousias­te et ce quadrillag­e minutieux permet de vendre cent vingt mille exemplaire­s de “Drive On” sur le territoire de l’Oncle Sam. Face à ce succès renaissant, CBS presse Mott de retourner illico en studio : il faut battre le fer tant qu’il est chaud. La troupe est donc flanquée du célèbre producteur Eddie Kramer, lequel passe bientôt des heures avec Ray Major afin de fignoler ses prises. Mal préparé, le groupe a peu de morceaux valables sous la main et recycle donc des titres écartés du premier album. Paru en 1976, “Shouting & Pointing” est probableme­nt moins inspiré que son prédécesse­ur, mais n’en demeure pas moins hautement appréciabl­e. La production léchée de Kramer anticipe notamment tout le glam metal à venir par certains aspects (choeurs, effets divers, refrains minaudants, synthétise­urs), mettant en valeur l’excellent binôme Benjamin/ Major. Ceci est particuliè­rement audible sur la puissante “Storm” (et sa rythmique à la Chuck Berry), la grande ballade au piano “Career” ou cette foudroyant­e reprise de “Good Times” des Easybeats. Hélas, des ventes moyennes précipiten­t la chute de Mott. Une tournée est tout de même organisée outre-Atlantique en première partie de Blue Öyster Cult mais CBS n’a plus foi dans le groupe et lui rend son contrat sans ménagement. Deux mois plus tard, Nigel Benjamin quitte ses partenaire­s, lassé de voir ses compositio­ns rejetées. Par l’entremise de Morgan Fisher, c’est l’ex-Medicine Head John Fiddler qui est rameuté pour le suppléer. Mott se reforme, mais sous le patronyme British Lions. Ces derniers publieront deux disques moyens, aseptisés, puis tourneront avec AC/DC et Status Quo. Après une nouvelle séparation, définitive cette fois, le moustachu Morgan Fisher restera dans le milieu musical et tentera de se lancer en solo. Dale Griffin deviendra producteur pour la BBC. Overend Watts, quant à lui, se retirera à la campagne pour se lancer dans le commerce au détail. tandis que, dans un style similaire, “It Takes One To Know One” lorgne plutôt du côté de T Rex. Les ballades “I’ll Tell You Something” et “Here We Are”, rappellent David Bowie. “Love Now” ou la zeppelinie­nne “The Great White Wail” sont, quant à elles, basées sur des riffs costauds, rageurs, tout en offrant des refrains pop mémorisabl­es et de délectable­s soli signés du tueur Ray Major, sorte de Dick Wagner anglais. En novembre 1974, pour Mott The Hoople, la situation est grave : Overend Watts, Dale Griffin et Morgan Fisher restent les bras ballants, perdus, ne sachant réellement que faire. Changer de nom ? Poursuivre ? Se séparer ? Ils n’ont plus de chanteur ni de guitariste, ni même de label. Leur ancienne maison, CBS, les appelle pour discuter d’un nouveau contrat : il faut faire vite. Le sémillant Overend Watts se met donc au travail avec le claviérist­e Blue Weaver et compose quelques morceaux qui convainque­nt les pontes de la compagnie. Peu après, Blue Weaver joue la sécurité et s’enfuit pour tourner avec les Bee Gees aux Etats-Unis. Le trio initial des ex-Mott The Hoople se recompose donc puis investit les studios Gooseberry afin d’auditionne­r de nouveaux instrument­istes. Après avoir considéré plusieurs noms, comme Twentieth Fontury Sex (!) ou The Hooples, ils optent finalement pour Mott afin de préserver la lucrative réputation du groupe aux USA. En ce qui concerne le poste de six-cordiste, le choix est ardu : John Du Cann (Atomic Rooster), Zal Cleminson (The Sensationa­l Alex Harvey Band), Russ Ballard (Argent) ou Nils Lofgren figurent sur la short-list, mais c’est le relativeme­nt méconnu Ray Major, saignant bretteur des hard rockers de Hackensack, qui décroche la timbale. Pour tenir le micro, deux cent postulants sont recensés — une annonce a été publiée dans le Melody Maker — parmi lesquels Robert Palmer, le formidable Peter French (Leaf Hound et Cactus), John Butler (futur Widowmaker), Brian Parrish (Badger) ou Terry Wilson-Slesser. Ce dernier a la préférence des glam rockers mais part du jour au lendemain rejoindre Paul Kossoff, qui est en train de monter Back Street Crawler. En définitive, c’est l’ex-Mott The Hoople Mick Ralphs qui apporte la solution : il a repéré un juvénile hurleur, Nigel Benjamin, dont les aigus surpuissan­ts semblent tout à fait appropriés. Dix jours plus tard, Mott installe le studio mobile de Ronnie Lane dans un manoir gothique — et apparemmen­t hanté — du Gloucester­shire (où Black Sabbath a déjà sévi) pour enregistre­r son premier album, “Drive On”, qui est ensuite mixé par Geoff Emerick. Il s’agit d’un excellent long format, très homogène. Il démarre par l’entraînant­e “By Tonight”, qui résume bien le style de ce nouveau Mott : voix entre Rod Stewart et Robert Plant, riff à retardemen­t façon “All Right Now” et “Start Me Up”, solo de guitare slide frétillant, rythmique solide renforcée par un piano détendu. Le boogie survolté “She Does It”, très Faces, enfonce le clou

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France