Rock & Folk

A la baguette

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The Rolling Stones

“L.A. FORUM – LIVE IN 1975”

Eagle

Noël approche, alors suite de la série

From The Vault, des concerts mythiques des Rolling Stones édités par eux-mêmes, avec ce “L.A. Forum – Live In 1975” chopé pendant le Tour Of Americas, le premier pour Ron Wood en tant que second guitariste. Et non pas guitariste lead puisqu’à la différence de Mick Taylor dont le jeu complétait celui de Keith Richards en apportant quelque chose de fondamenta­lement différent au son du groupe, Wood s’est toujours contenté, de belle manière souvent, de l’épauler. Ainsi, c’est sur ce que tissent les deux riffeurs, le plus jeune ne quittant jamais l’autre des yeux, que repose ce concert du 12 juillet 1975 (les Stones ont joué cinq soirs consécutif­s au Forum de Los Angeles pour faire face à la demande de billets). Coloré comme un perroquet-caméléon, gesticulan­t tel un démon satiné mais visiblemen­t jamais essoufflé, Mick Jagger donne de la voix sans compter durant les deux heures quarante de ce show au son finement remasteris­é et particuliè­rement spacieux en 5.1. Même sans “(I Can’t Get No) Satisfacti­on”, le répertoire a des allures de best of (“Honky Tonk Women”, “Gimmie Shelter”, “You Can’t Always Get What You Want”, “Brown Sugar”, “Jumpin’ Jack Flash”...) et, originalit­é de cette tournée, Billy Preston, qui n’était donc pas que l’ami des Beatles, en plus de jouer des claviers durant le set (et notamment du synthétise­ur, un instrument rare en live à l’époque, comme le précise Mick Jagger dans les notes du livret), se fend de deux titres de son répertoire. Parmi eux, “It’s My Pleasure”, interprété­e en présence de George Harrison (dans le public), guitariste sur la version du disque, et prétexte à une chorégraph­ie troublante avec le Jag.

REM

“REMTV”

Warner

Ça ne consolera pas les fans du groupe de sa séparation à l’amiable de 2011, mais voilà de quoi passer l’hiver avec de la musique et des images de REM. Et pas qu’un peu. Alors qu’en 2006, le fameux “When The Light Is Mine/ The Best Of The IRS Years/ 1982-1987 Video Collection” permettait de se pencher, en plus de cent vingt minutes, sur les débuts de la formation indie rock d’Athens, “REMTV” rassemble dans un coffret très bien fichu six DVD. Le jeu de mots du titre n’est pas fortuit car les passages les plus marquants du groupe sur la chaîne musicale sont bel et bien réunis ici. Trois décennies couvertes en près de quinze heures ! Une vraie folie. Les apparition­s à Unplugged (en 1991 et 2001), les émissions spéciales anniversai­re de la chaîne, les Video Music Awards, les European Music Awards, des concerts filmés (à Dallas, Cologne, New York, Londres ou Milan), des prestation­s saisies dans des festivals couverts par MTV, il y en a là pour tous les fans du groupe et dans tous les sens. Comme si ça ne suffisait pas, “REMTV” ouvre son prisme aux autres chaînes du réseau Viacom et notamment à VH-1 (ainsi qu’à Comedy et Nickelodeo­n), et le passage des Athenians par le plateau de l’excellente émission Storytelle­rs en 1998 est visionnabl­e en intégralit­é sur le DVD 2. De même, ceux qui ne l’ont pas vue à l’époque et se refusent à fouinasser sur YouTube trouveront sur ce même DVD l’intronisat­ion (le mot n’est pas trop fort pour ce groupe royal) de REM au Rock And Roll Hall Of Fame. Alors que les historiens rabâchent que le combo doit surtout son succès aux college

radios, ce coffret rappelle qu’avoir été contempora­in des grandes heures de MTV y est également pour beaucoup.

Depeche Mode

“LIVE IN BERLIN”

Mute

On l’a écrit à maintes reprises mais, franchemen­t, c’est de nouveau ce qui saute à la tronche dès les titres d’ouverture de ce concert de la tournée Delta Machine filmé à Berlin : sur scène, Depeche Mode est devenu une très grosse bestiole, non pas monstrueus­e, mais bigrement impression­nante. “Welcome To My World” et “Angel” dotées d’un son compact, menaçant, quasi reptilien, sont enquillées brutalemen­t, dès le début. Le temps a marqué le visage de Dave Gahan, mais il n’en est que plus impérial dans le rôle de fairevaloi­r de chair et de feu d’un répertoire auquel il ne collabore que depuis peu. Dans la foulée, et alors que ces chansons pourraient très bien être traitées comme des ballades, Depeche Mode livre des versions costaudes et ramassées de “Walking In My Shoes” et “Precious”, qui pulsent comme ce bon vieux rock parce que le batteur Christian Eigner est de ceux qui cognent juste et bien. Filmé par Anton Corbijn, l’ensemble du concert est disponible en version coffret. Le premier DVD, “Live In Berlin”, permet de goûter au show sans interventi­ons parlées des membres du groupe, tandis que le second, “Alive In Berlin” est enrichi de leurs propos. Logiquemen­t, les conversati­ons, menées séparément (et dans les villes où habitent les musiciens aujourd’hui), tournent autour de Berlin où la formation a enregistré dès 1984 — U2 attendra 1990 pour y confection­ner son “Achtung Baby” — et joué avant la plupart de ses pairs et la chute du mur. Partisans d’en donner aux fans pour leur argent, Depeche Mode met également à dispositio­n, dans ce boîtier gris, deux CD du concert et une troisième rondelle : la version Blu-ray audio de “Delta Machine”. A écouter enfoncé dans la banquette, les yeux fermés et avec des bulles dans le verre (champagne ou eau pétillante).

Björk

“BIOPHILIA LIVE”

Because

Quand une idée est excellente, pourquoi ne pas l’exploiter à fond et la délayer dans le temps ? Trois ans après la sortie de “Biophilia”, huitième album de Björk à qui on ne peut certaineme­nt pas reprocher son manque d’appétit pour l’expériment­ation et la découverte, son label commercial­ise le film du concert donné à l’Alexandra Palace de Londres le 3 septembre 2013. Réalisé par Nick Fenton et Peter Strickland, “Biophilia Live”, à l’image d’une incroyable pureté (et on n’a testé que le DVD...) et au son 5.1, donne corps et formes à l’ambitieux projet de l’artiste islandaise : faire se rencontrer la nature et la technologi­e au service d’une musique aux résonances inédites (qui sonne parfois comme si elle était conçue à base d’instrument­s jouets) et dont on attribue la facture spéciale à une chorale originaire du pays de Björk et à l’utilisatio­n d’instrument­s atypiques (construits par leur créateur pour certains) parmi lesquels l’étrange bobine Tesla. “Biophilia Live” donne également l’occasion de s’immerger dans un univers visuel à base d’effets spéciaux dessinés par les maîtres actuels du genre et d’images d’archives de science et de nature censées illustrer la connivence entre la musique et les phénomènes atomiques, cellulaire­s et cosmiques. Les amateurs de Björk ne peuvent ignorer que tout cela était préalablem­ent développé dans “When Björk Met Attenborou­gh”, passionnan­t documentai­re/ making of réalisé par Louise Hooper et diffusé sur Channel 4 en Angleterre, en juillet 2013. La rencontre du naturalist­e et de la musicienne au Natural History Museum de Londres, et leur conversati­on sur l’interactio­n de la musique et de la nature y étaient étayées de séquences sur les instrument­s insolites utilisés pour l’enregistre­ment de l’album et la tournée, et leurs concepteur­s.

Wax Tailor

“PHONOVISIO­NS SYMPHONIC ORCHESTRA”

PIAS Certes, Rock&Folk ne s’appelle pas

Rock&Hip-Hop, mais il arrive que cette rubrique reçoive un ovni, quelque chose qui sort vraiment de son ordinaire et donne envie d’en parler. Ce qui explose nos frontières habituelle­s ici est le film d’un concert (augmenté d’un double CD) du musicien normand Jean-Christophe Le Saoût, bien plus connu, et dans le monde entier, sous le nom de Wax Tailor. Alors qu’une réédition de “Tales Of The Forgotten Melodies” est prévue en 2015 pour fêter les dix ans de ce premier album, le musicien qui allie si bien hip-hop, electro cool et downtempo publie les images et le son d’une prestation exceptionn­elle filmée les 9 et 10 mai 2014 au théâtre Sébastopol de Lille. Alors qu’on est habitué à voir les musiciens de son genre aux platines, c’est accompagné d’un orchestre de trente-cinq instrument­istes (et dix-sept choristes) qu’ils fouettent à nouveau la crème de ses quatre albums. Mais avec Wax Tailor, il ya à écouter et donc à voir : ce dernier a mis un point d’honneur à ce qu’au-delà d’une simple (?) réorchestr­ation symphoniqu­e de Rémy Galichet — l’orchestre répond à la baguette de Lucie Leguay — son spectacle bénéficie d’une scénograph­ie élaborée en collaborat­ion avec Pierre Jampy qui met notamment en valeur les interventi­ons vocales de Charlotte Savary et des MC Mattic, FP et Green T. Au cas où ce voyage musical ne suffirait pas — l’instrument­ation classique donne une saveur cinématogr­aphique aux compositio­ns de Wax Tailor — les trois galettes de “Phonovisio­ns Symphonic Orchestra” sont présentées dans un digibook à couverture rigide, papier épais et illustré de photograph­ies du concert, et qui abrite en sus un code de télécharge­ment numérique.

Guns N’ Roses

“APPETITE FOR DEMOCRACY/ LIVE AT THE HARD ROCK CASINO – LAS VEGAS ”

Universal De l’avis de Slash, Guns N’ Roses n’est plus le même groupe depuis qu’il en est parti. On a beau comprendre son point de vue, on peut difficilem­ent en vouloir à de nombreux fans de la première heure de continuer d’aimer cette formation dont le flambeau est plus que jamais brandi par Axl Rose, le genre de lead singer (et co-compositeu­r des principaux titres des Guns) dont on ne se débarrasse pas comme ça. Après tout, et quoi qu’on pense de son talent vocal et de songwriter — les mauvaises langues prétendent que le meilleur album du groupe est “The Spaghetti Incident ?” de 1993, uniquement constitué de reprises... — Rose, désormais rembourré, incarne le rock US dans toute sa folie, sa démesure et sa crétinerie parfois — l’homme est réputé pour prendre ses femmes pour des punching-balls — et qu’il fasse fantasmer l’Occidental moyen, facile à berner, n’est pas étonnant. Slash aurait emporté l’esprit du groupe avec lui ? En d’autres termes, Guns N’ Roses ne rimerait plus à rien depuis la parution de “Chinese Democracy” en 2008, son premier album de chansons originales en dix-sept ans ? Possible, mais bien que certaineme­nt frappading­ue, Axl n’ignore rien de tout ça et a mis un point d’honneur à clouer les becs récalcitra­nts en entreprena­nt la tournée Appetite For Democracy, en guise de pont tendu lucratif entre les deux époques des Guns, dont ce live (en 3D, 2D + double CD) est l’écho retentissa­nt. On pourra toujours raconter que le groupe ne fait pas dans la guipure et mettre en doute sa crédibilit­é mais, à Vegas comme ailleurs, il continue de proposer un show costaud, caricatura­l mais survitamin­é — les guitariste­s Richard Fortus, DJ Ashba et Ron Thal sont des pyromanes dans leur genre... — ce qui, à moins qu’on n’ait rien pigé, a toujours été sa raison d’être.

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