Rock & Folk

Vox AC30

Chaque mois, notre spécialist­e évoque l’histoire d’un appareil, vêtement, instrument ou bibelot de légende...

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Symbole de la British Invasion du début des années 1960, cet amplificat­eur a accompagné plusieurs génération­s de guitariste­s outre-Manche, de John Lennon ou Keith Richards à Noel Gallagher ou Thom Yorke en passant par Paul Weller ou The Edge...

En 1946, Thomas Walter Jennings, accordéoni­ste lui-même, ouvre une boutique d’instrument­s de musique à Dartford (Kent, Angleterre) où il vend principale­ment des accordéons importés d’Italie. En 1950, il crée la Jennings Organ Company et ouvre une boutique à Londres, sur Charing Cross Road, pas loin de Selmer, qui importe et commercial­ise les produits de la marque française, mais aussi d’autres fabricants, comme plus tard Höfner. Un instrument bizarre tape dans l’oeil de Jennings : le Clavioline (invention que l’on doit à Constant Martin, le grand-père de Michel Gondry). Il s’agit d’un petit clavier monophoniq­ue amplifié très intéressan­t mais qui coûte une petite fortune. Sentant le potentiel de ce type d’instrument, il engage Les Hill, un ingénieur de Dartford, qui étudie le petit clavier et dessine un nouveau circuit électroniq­ue complèteme­nt différent de celui du Français. Malheureus­ement, les premiers exemplaire­s ne sont pas fiables en raison d’un mauvais choix de composants et de problèmes mécaniques. Jennings embauche alors Derek Underdown pour améliorer tout ça. Au début de l’année 1951, les premiers UnivoxJ6 sont au point et se vendent même plutôt bien, grâce à un prix attractif. Ce sont de petits orgues monophoniq­ues à trois octaves, de la taille d’un accordéon, livrés dans une valise dont le couvercle contient l’amplificat­eur et le haut-parleur. Le modèle J10, à quatre octaves et deux rangées d’effets sonores, ne tarde pas à compléter la gamme de produits de Jennings. On a souvent dit que la mélodie du tube de 1962 “Telstar”, par les Tornados, était jouée sur un

Univox, mais Roger LaVern a confirmé avoir enregistré le morceau sur un Clavioline... En 1954, le nom Vox apparaît pour la première fois sur une pédale de volume fabriquée à Dartford. La vague du rock’n’roll déferle sur l’Angleterre et, à partir de 1956, Jennings commence à étudier de nouveaux amplificat­eurs pour guitare. C’est alors qu’il entend parler de la réalisatio­n de Dick Denney (1921-2001), ami guitariste avec qui il jouait de la musique dans les abris durant les bombardeme­nts de l’automne 1940. Passionné d’électroniq­ue, Dick lui présente un petit ampli de 15 W à lampes équipé d’un haut-parleur de 12 pouces (30 cm) qu’il a conçu et fabriqué. Enchanté par ce qu’il voit — et entend — Jennings embauche Dick Denney comme ingénieur en charge de la conception des amplificat­eurs de guitare. La société s’appelle désormais Jennings Musical Industries et sort en 1957 son premier ampli : l’AC2/ 30, une version deux fois plus puissante (grâce à deux lampes EL34) que le prototype de Denney, mais produite à une seule poignée d’exemplaire­s. En 1958 arrive l’AC1/ 15, équipé d’un haut-parleur de 12 pouces Goodmans Audiom, habillé d’un coffret à la façade façon poste de télévision, un peu comme les Fender quelques années auparavant. En juillet 1959, les Drifters qui accompagne­nt Cliff Richard changent leur nom en TheShadows et adoptent le VoxAC15, qui leur procure ce son clair si particulie­r. Le groupe de Hank Marvin est très satisfait de ces amplis mais pense qu’ils manquent un peu de puissance, comparés aux Fender de 50 W. Vox sort à la fin de l’été la première version du célébrissi­me AC30. Celuici ressemble à son prédécesse­ur vu de l’extérieur, mais sa puissance est portée à 30 W grâce à deux EL34. Au printemps 1960, une nouvelle version, l’AC30/ 4 ( pour quatre entrées) est présentée. Cette fois, l’ampli dispose de deux canaux séparés ( normal et

vib/trem) de quatre EL84 pour l’étage de puissance et de deux haut-parleurs Goodmans de 12 pouces. Derek Underdown demande aux technicien­s de Celestion de travailler sur un haut-parleur plus adapté aux sonorités des guitares électrique­s et, en août, il équipe les AC30 d’une paire du fameux T 530 peint en bleu, plus connu sous le nom de BlueBulldo­g. A la fin de l’année, Dick Denney met au point une autre évolution, l’AC30/ 6 (six entrées) qui reçoit un troisième canal ( brillant) et toute la gamme d’amplis Vox est redessinée, avec la façade en deux parties et le revêtement en Rexine de couleur fauve. Ce design, à part quelques inévitable­s changement­s de couleur, restera inchangé jusqu’à aujourd’hui. C’est en juillet 1962, lorsque George Harrison et John Lennon achètent leurs premiers Vox à crédit, que la marque de Dartford entre définitive­ment dans la légende. ❏

Combien ça coûtait ?

En 1968 Vox AC30 (occasion en parfait état) : environ 1600 FF (244 €)

SMIC mensuel brut en 1968 = 71 €

Combien ça coûte ? En 2014 Vox AC30 1960-1963 (en parfait état) : à partir de 5 000 €

Vox AC3 C2X (neuf) : environ 1500 €

SMIC mensuel brut en 2014 = 1 610 €( pour 169 heures), 1 445 €( pour 151 heures)

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30/6 depuis 1963.
Un Vox AC30 CC2 à deux canaux, qui reprend le fameux circuit Top Boost monté sur les AC 30/6 depuis 1963.

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