Rock & Folk

Hollywood Vampires

“HOLLYWOOD VAMPIRES”

- UNIVERSAL

“Pourquoiai­mons-nouslehard­rock? Maispourle­sdécibels,motherfuck­ers; cesmillion­sdekilowat­tsque saintThoma­sEdisonnou­sa léguésànou­s,lesocciden­taux. Depuis50an­s,ilsnousont­formés, réarrangea­ntettransf­ormantnos molécules,exactement­commele Coranduvie­uxMohammed­a esclavagét­outleMoyen-Orient.Ces riffsquitu­entsontnot­revieetnot­re mort.Nousenavon­sbesoinpou­rne pastomberf­ous,enculés!” Julian Cope, “Copendium” (2013). En ces heures sombres, (le ciel audessus de Clichy est noir comme un cul d’araignée), Alice Cooper, Johnny Depp, Joe Perry battent le rappel. Et proposent un projet que tous les lecteurs de ce journal, tous les fans de rock et tous les défenseurs d’une certaine idée du metal se doivent d’écouter. Hollywood Vampires ? Juste le truc qu’il fallait pour réveiller l’automne. Sous les ordres d’Alice Cooper en personne, un bataillon de fines lames vient dépoussiér­er de vieux riffs oubliés dans la crypte de vos parents. Que se passe-t-il, bordel ? Est-ce la résurrecti­on de Black Sabbath, la remasteris­ation des Led Zeppelin, la tournée AC/DC, la rubrique de Jonathan Witt, Internet, ou encore le retour du vinyle compte-t-il làdedans, et la grosse du Grand Journal, tu crois qu’elle nous met des collants ? Ce plaisir du riff sauvage, extra-crunchy et qu’on réécoute jusqu’à l’intégrer dans notre ADN (“Speed King”), nous le connaisson­s tous. C’est celui de plein de petits maîtres oubliés, Left End, Dust, Montrose, Bang, Highway Robbery, Budgie, Foghat, Früt, Granicus, Stray Dog, Wicked Lady, Pink Fairies, Litter, Sir Lord Baltimore, Blue Cheer, Mott The Hoople, Grand Funk, Frijid Pink, Frost, Black Oak Arkansas, sans oublier Josephus, Atlee, Jamul, Leaf Hound, Dragonfly, Mahogany Rush, Moloch, Agnes Strange, Point Blank, Head Over Heels, Kahvas Jute, mais aussi Jerusalem, Lucifer’s Friend ou The Savage Resurrecti­on (liste non exhaustive. J’écrivais sur ces groupes en 1975, je n’ai toujours pas changé d’avis, ils sont le Graal perdu). Ces groupes ont tous fait des disques loin d’être parfaits (avec des ballades terrifiant­es qui tombaient comme la crinière de Robert Plant dans la soupe et cassaient la tension) mais ils sont tous truffés de riffs satanicobi­scornus à se taper le cul par terre et de morceaux fabuleux qu’on pourrait et devrait (moi président) réenregist­rer jusqu’en 2055, au lieu de nous bassiner avec Hendrix pré-wah-wah. Si vous voulez mon avis. Le seul reproche qu’on pourrait faire à Cooper, Depp and Co, c’est d’avoir miné à ciel ouvert de gros standards un peu con-cons (T Rex ?) alors qu’il existe dans tous les albums des groupes haut dessus un vrai trésor à exhumer, réinterpré­ter et hommager. Mais bon, qui signe chez Universal ne s’en vient pas explorer les tréfonds de l’undergroun­d (vieux dicton 20e siècle). Tant pis. Au lieu de quoi donc, sous immaculée production Bob Ezrin : “My Generation”, “Come And Get It” (Badfinger), “Whole Lotta Love”, “I Got A Line” (Spirit), “Cold Turkey” (Lennon), un medley “School’s Out/ Another Brick In The Wall”. Fucking bonne surprise : le retour très probant de Robbie Krieger sur un sensationn­el medley Doors (Morrison fut le grand mentor du jeune Vincent Furnier tout là-bas en 1969). A part ça, les gars taquinent Hendrix (“Manic Depression”) et rendent justice aux Small Faces (“Itchycoo Park”). Plein de rockers sont venus prêter main-forte : McCartney, Brian Johnson, Joe Walsh, Zak Starkey, Perry Farrell, Dave Grohl, Slash, d’ailleurs c’est la vieille rythmique des Guns (Matt et Duff) qui fera les concerts des Vampires. Car ils vont en donner ! Et Johnny Depp ? Il ferraille vaillammen­t sur tous les titres, accompagné par la crème du hard. En guise de conclusion, relire l’introducti­on trois fois, solo, coda, amen. PHILIPPE MANOEUVRE

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