Rock & Folk

The Limiñanas

“MALAMORE”

- BECAUSE

à riff, sans refrain, presque jamais... Voilà ce avec quoi les Limiñanas battent le rappel pour tous les frappading­ues de la musique Pierrafeu. Ils ne sont pas les premiers, il existe bien des précédents historique­s, et justement, ils partagent bon nombre de caractéris­tiques avec l’un des derniers en date : le Brian Jonestown Massacre. En fait, cela crevait tant les yeux que nous avions été aveuglés : les Limiñanas sont le pendant àla française du groupe californie­n. Issus de la même génération qu’Anton Newcombe — avec qui ils préparent un morceau — eux aussi enchaînent les sorties d’album home made à la vitesse de l’éclair, se sont faits modernes par leur obsession du passé et possèdent leur lot d’addiction. Sauf que la leur, d’addiction, est bien de chez nous : c’est le snobisme. Les Limiñanas sont snobs dans leur goût, nullement dans leur attitude. À la ville, Lionel et Marie sont d’une gentilless­e confondant­e, discrèteme­nt bourrus, gentiment gouailleur­s... BonsFrança­is. Mais quand une voix féminine à l’accent italien énonce des listings de réalisateu­rs NouvelleVa­gue, de groupes obscurs et de drogues autrefois vendues en pharmacie, on nage dans le délit d’initiés. Sur la longueur, certains ont été tentés de crier : “Votrecôtéy­é-yém’emmerde.” Enfin, ça, c’était avant. Le premier album du duo chez un trèsgros indépendan­t a, au final, eu du bon. Ce groupe de singles livre ici son premier album qui jamais ne souffre de remplissag­e. Si “Malamore” ne contient pas de chansons du calibre de celles ayant rendu le groupe culte, il s’écoute d’une face à l’autre sans lassitude. On y trouve toujours les nouvelles fuzzées narrées nonchalamm­ent par Lionel (“El Beach”, “Prisunic”, “Kostas”, “Zippo”) et l’onirisme de bakélite — de “Garden Of Love” au superbe “Paradise Now” dont la citation du thème de “You Only Live Twice” montre que nous partageons la même vision du paradis. Surtout, le concept de compositio­n/ production du groupe y est poussé jusqu’à son paroxysme. Chaque plage – comment appeler ces morceaux autrement ? – accumule les couches d’instrument­s, s’amplifie, se développe sans presque ne jamais moduler. Voici des gimmicks, des riffs, des trouvaille­s de sons couchés les unes sur les autres pour composer le millefeuil­le final. Notons que les rois de la bidouille Peter Hook et Pascal Comelade en sont les bonnes fées et l’on comprendra à quel point ce “Malamore” est bien né. THOMAS E. FLORIN

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