Rock & Folk

The Feelies

- “ONLY LIFE”, “TIME FOR A WITNESS” 088 R&F MAI 2016

Bar None (import Gibert Joseph) En 1988, naturellem­ent, les Feelies n’étaient plus les messies que tout le monde avait consacrés à l’époque de leur premier album “Crazy Rhythms” sorti huit ans avant, au début d’une décennie qui devait développer, dans le rock indépendan­t, une obsession pour le Velvet Undergroun­d qu’ils furent parmi les premiers à ouvertemen­t afficher après les Modern Lovers. Pourtant, “Only Life”, sorti en pleine furie anglaise C-86, un genre qu’ils ont involontai­rement inventé sans qu’on les cite (voir les guitares des Wedding Present), est l’un de leurs meilleurs albums. Avec, toujours, ces batteries sans cymbales à la Moe Tucker et ces claires guitares rythmiques évoquant invariable­ment le VU tendance “Temptation Inside Your Heart”, “Foggy Notion”, “I Can’t Stand It” ou “What Goes On”, qu’ils reprennent d’ailleurs joliment à la fin de ce disque. C’est du rock plus blanc que blanc, sans la moindre influence blues. Plus aéré que “Crazy Rhythms”, avec des guitares solo plus rock and roll (mais toujours au sens velvetien du terme), “Only Life” a étonnament bien vieilli. En 1991, après l’insuccès de “Only Life”, le groupe remettait le couvert avec un album beaucoup plus rock et de nouveau frénétique comme à leurs débuts, en ces temps où Pixies et Nirvana étaient les nouveaux ténors du rock indé à guitare. Moins réussi et moins subtil que les trois précédents albums du groupe (mais comptant tout de même quelques belles réussites comme l’extraordin­aire “Sooner Or Later” ou le lumineux et tubesque “Doin’ It Again”, sans oublier “Find A Way” qui retourne fouiller les territoire­s antiques de Television en une épique bataille guitaristi­que, Mercer et Million offrant une nouvelle version très convaincan­te de Lloyd et Verlaine), “Only Life” reste touchant par son côté désespéré, comme le disque de la dernière chance. Cette fois-ci, le groupe ne terminait pas son album avec un morceau du Velvet, mais avec le “Real Cool Time” des Stooges. Les deux disques réédités sont parfaiteme­nt remasteris­és, donnant aux guitares un mordant jamais entendu auparavant. Beau travail. Lloydie & The Lowbites, qui ferait rougir Patrick Sébastien en personne et qui fut détourné avec succès par les Specials (sans le mentionner) pour leur classique “Too Much Too Young” en 1979... Le second CD s’achève naturellem­ent avec le monstrueux “Skinhead Moonstomp” de Symarip. Tout cela est parfait.

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