Frye Harness boots
CHAQUE MOIS, NOTRE SPECIALISTE EVOQUE L’HISTOIRE D’UN APPAREIL, VETEMENT, INSTRUMENT OU BIBELOT DE LEGENDE...
souffrant pendant l’hiver de profondes coupures aux pieds provoquées par des bottes provenant d’entreprises peu scrupuleuses qui remplaçaient le cuir des semelles par du carton renforcé. Mais qu’elles équipent l’un ou l’autre camp, ces bottes de cuir teinté en noir ont la particularité d’avoir un bout carré et de mesurer environ 12 pouces (30 cm) de haut. Sur les modèles destinés à la cavalerie, la face avant de la tige vient couvrir le genou, et on leur ajoute des éperons fixés sur une sangle de cuir ajustée par une boucle. Après la guerre, John Frye emménage dans de plus grands locaux et, en 1889, son entreprise est la première à faire électrifier ses machines. En 1890, Frye possède la troisième plus grande usine de Marlborough. En 1898, lors de la guerre contre l’Espagne au sujet de l’indépendance de Cuba, Frye chausse les Rough Riders, le 1er régiment de cavalerie de volontaires américains, emmenés par le fougueux colonel Theodore Roosevelt, futur 26e président des Etats-Unis. A l’aube du XXe siècle, John Frye passe le relais à son fils aîné, Walter (1862-1936), qui va poursuivre l’expansion de la compagnie. En 1938, John F Frye (1886-1976), petit-fils de John A Frye, alors en visite à Washington, est abordé par un officier de la marine qui lui fait part de ses difficultés à trouver un modèle Wellington ; le bottier s’empresse de lui réaliser un modèle moitié moins haut que le modèle original qui va avoir tellement de succès qu’il est commandé par l’armée pour équiper une partie de son personnel. Ce modèle, baptisé JetBoot, sera notamment porté par le général Patton pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, la famille Frye revend la société, mais la production et la marque restent à Marlborough. En 1962, Frye réalise une commande spéciale pour la Première dame, Jackie Kennedy : une paire de cowboy boots spécialement dessinées pour elle. Au cours des années 1960, Frye crée les Harness boots, hommage appuyé aux bottes de la fin du XIXe siècle mais désormais destinées à d’autres cavaliers : les motards. Dotées de bouts carrés et mesurant également 12 pouces de haut, de couleur noire, elles sont ornées de quatre sangles de cuir reliées entre elles de chaque côté des chevilles par deux anneaux de cuivre, ressemblant un peu aux harnais des chevaux, d’où leur nom. Durant la décennie suivante, la marque produit la Campus boot, lointaine cousine de nos camarguaises, qui devient un best-seller dans les universités américaines. Après avoir connu quelques changements de propriétaires et quitté en 1980 le site historique de Marlborough, Frye est racheté en 1998 par le groupe Jimlar, géant de l’industrie de la chaussure basé à New York, lui-même acquis par un consortium chinois en 2010. En août 1974, Bob Gruen vient prendre des photos de John Lennon — à présent parmi les plus célèbres de l’ex-Beatles — sur le toit-terrasse de son appartement sur la 52e Rue. De retour à New York après son lost week-end de dix-huit mois, Bob tient à ce que Lennon porte un ringer T-shirt à 5 dollars qu’il lui a offert, orné d’un grand NewYorkCity... Plusieurs photos sont prises de John assis sur la margelle, montrant ses Frye Harness en finition Whiskey toutes neuves (à y regarder de plus près, ce sont en fait des Campus Boots sur lesquelles un harnais a été ajouté)... Motards avérés ou non, des tas de gens les ont eues aux pieds, comme Bruce Springsteen, Johnny Hallyday ou Jacques Dutronc et, plus récemment, Anne Hathaway ou Robert Pattinson. C’est aussi ce modèle qui illustre la couverture du livre signé Marc Krystal, paru en 2013 pour le 150e anniversaire de la marque “Frye : The Boots That Made History”...