Thee Oh Sees
“A WEIRD EXITS”
violent double album live du groupe qui vient de sortir dans la série LiveInSanFrancisco de Castle Face). Sur disque, ce nouvel attelage tire étonnamment John Dwyer vers des titres moins frénétiques que d’habitude, à l’image de ce “Jammed Entrance” planant et électronique ou de ce “Plastic Plant” d’inspiration Can dans lequel Dwyer se révèle un merveilleux soliste. Premier véritable album studio de la nouvelle version des Oh Sees, “A Weird Exits” est un nouveau départ sans être une révolution. On retrouve toujours quelques-unes des saillies qui sont dans l’ADN du groupe, comme “Gelatinous Cube”, “Ticklish Warrior” ou “Dead Man’s Gun” (sur lequel Brigid Dawson passe même ajouter ses hululements typiques) qui témoignent que Dwyer n’a rien perdu de sa furia. Cependant, cette nouvelle formation semble donner des envies d’évasion au charismatique leader, très porté sur les instrumentaux atmosphériques dans cet album. Outre “Jammed Entrance”, qui semble inspiré de son projet électronique Damaged Bug et propose un magnifique va-et-vient entre les deux batteurs, les Oh Sees proposent un interlude planant avec “Unwrap The Fiend Pt 2” puis une longue plage apaisée de près de 8 minutes (“Crawl Out From The Fall Out”), portée par l’interaction magnifique entre un synthétiseur cosmique et un violoncelle. Une fois de plus, Dwyer clôt le disque d’une chanson délicate, “The Axis”, qui débute comme un titre d’Aphrodite’s Child et s’achève sur un formidable final noisy. Intitulée ainsi car elle s’inspire d’une reprise à l’orgue de “Bold As Love” de Jimi Hendrix par Douglas Katelus (un illuminé de San Francisco qui reprend des classiques du rock uniquement à l’orgue sous le nom de Solo Organ), elle marque une nouvelle incursion des Oh Sees en territoire pop sur la dernière piste d’un album. Dwyer fait souvent le coup (on se souvient des superbes “Minotaur” en fin de “Floating Coffin” et “Wicked Park” sur “Putrifiers II”) et on espère qu’un jour il se laissera aller à produire le grand album pop qu’il a en lui. En attendant, “A Weird Exits” devrait rassurer les fans déçus du changement de personnel : les Oh Sees sont encore pertinents. Mieux, ils viennent de produire leur meilleur album depuis des lustres et démontrent qu’ils ne sont pas près d’être à court d’idées. Le premier volet de leur nouvelle ère place plus que jamais celui qu’on surnommait lemaireoccultedeSan Francisco comme le leader incontesté de l’underground californien.
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ERIC DELSART