La Rolls des consoles Neve 8028
américains et anglais, à seulement une poignée d’exemplaires. La fabrication de chaque console, entièrement câblée à la main, demande plus de 2 500 heures de travail, ce qui serait quasiment impossible à commercialiser aujourd’hui. A l’aube des années 1970, dans la vallée de San Fernando (Californie), les propriétaires des studios Sound City — Joe Gottfried (1927-1992) et Tom Skeeter — décident d’investir dans une console digne de leurs ambitions, qui consistent à faire venir enregistrer chez eux le gratin des musiciens de Los Angeles, voire plus si affinités... Ils envoient leur ingénieur du son, Keith Olsen, chez Rupert Neve pour qu’il leur construise une table de mixage 28 pistes sur mesure. La 8028, qui est livrée en février 1973 chez Sound City, coûte un peu plus de 75 000 dollars, mais elle va permettre au studio d’accueillir les plus grands noms de la musique pendant presque quarante ans. Le tout premier morceau produit avec elle est “Crying In The Night” par Buckingham Nicks, en 1973. On peut dire que c’est grâce à cette console que Fleetwood Mac va venir enregistrer son best-seller “Rumours”. Il sera suivi par des dizaines d’autres dont Tom Petty, Neil Young, Cheap Trick, Nirvana, etc. Mais les producteurs de musique s’affranchissent de plus en plus des studios d’enregistrement traditionnels, et force est de constater que la majorité de la musique que l’on entend de nos jours provient de fichiers numériques. Ne pouvant plus lutter contre la baisse de fréquentation, les studios Sound City doivent fermer en 2011. Dave Grohl, que l’endroit a profondément marqué depuis qu’il est venu y enregistrer le “Nevermind” de Nirvana, va racheter la Neve 8028 ainsi que les deux Studer A827 24 pistes de 2 pouces, et en profiter pour tourner un documentaire plutôt émouvant sur ces studios légendaires. Le film “Sound City”, sorti en 2013, montre l’importance que peut avoir une console de mixage non seulement pour la stricte qualité sonore, mais aussi pour la manière dont les musiciens appréhendent l’enregistrement en tenant compte des limites techniques qu’imposent les machines. Le fait de tout donner sur une prise de batterie ou de guitare parce qu’on ne pourra pas revenir dessus plus tard change complètement d’une prise qui peut être entièrement refaite dans Pro Tools ou Cubase...