Julien Gasc
BORNBAD “Kiss Me You Fool !” serait un graffiti aperçu dans des toilettes femmes dans un pub de Londres. Ce sera le dernier contact avec la réalité. Julien Gasc, magicien des ombres, touche-àtout glouton, faiseur sans attache, ni obligation de rendement, poursuit avec ce nouvel album solo extraordinaire sa quête de la chanson idéale, celle capable d’ouvrir une faille spatiotemporelle et d’avaler les frayeurs humaines. “Fait Divers”, premier chapitre de cette odyssée autant planante qu’intérieure, est un conte avec roi, palais, vengeance et châtiment où Gasc chante comme un ménestrel sous substance. C’est joli, attirant, captivant même. “Mandrax” a la basse hypnotique, les baleines aériennes et prolonge “Fait Divers”, toujours avec cette volonté d’inviter à une chute de coton, que Lewis Carroll validerait sans le moindre doute. “Pas”, c’est l’amour qui ne se dit pas tout de suite, sorte de pop dépouillée qui avance avec la force et la peur de celui qui va déclarer sa flamme. “Circle Bar” est un instrumental cosmique, de jungle, vaudou, aussi bien proie que chasseur. Il annonce impeccablement la suite également. “Les Pages Anonymes” est un superbe hymne à notre époque, les corps désincarnés, les âmes qui errent dans un centre commercial. “Luke Howard”