Sleaford Mods
ROUGHTRADE/PIAS Sachons-le : depuis trois ans, le groupe le plus cool d’Angleterre est une paire de quadragénaires en survêtement qui débitent des insanités sur des rythmes minimalistes. Les Sleaford Mods ne viennent pas de Sleaford et ne sont pas des mods, même si leur chanteur arbore une coupe césar. C’est le duo le plus aride et brut qui soit, et un spectacle étonnant sur scène : le longiligne Andrew Fearn rôde en arrière-plan, bière à la main, face à son laptop d’où il lance les beats qu’il y a enregistrés, tandis que le chanteur James Williamson, voûté sur son micro, agresse le public d’un torrent verbal où il évacue ses frustrations et narre des histoires de lose dans l’Angleterre austère de Cameron et May, le tout exécuté avec un accent northern à couper au couteau et une farandole de jurons. Les Sleaford Mods existent depuis dix ans et ont touché le grand public britannique en 2014 avec “Divide And Exit”, album à la croisée du punk working class, du hip-hop et de la musique électronique. “English Tapas”, qui les voit quitter la scène DIY, paraît sur Rough Trade. Le duo n’en a pour autant rien perdu de son âpreté. Sur des rythmes toujours plus raides, Williamson produit de nombreux aphorismes grinçants. De “BHS”, où il compare sa nation