Betty Bonifassi
HI-LO/UNIVERSAL La hill country et ses dépendances (on pourrait nommer le style de cet album rockspel), sont copieusement explorées depuis 25 ans. Les passes vers l’originalité sont de plus en plus étroites, mais la Québécoise Betty Bonifassi en trouve encore en misant presque tout sur les choeurs, omniprésents et offensifs. On dit qu’elle a vagabondé dans l’electro, le jazz, et qu’elle s’incline pour la deuxième fois devant l’oeuvre du célèbre ethnomusicologue John Lomax. Il pensait naïvement que les pénitenciers sanctuarisaient les origines du folklore. Dans les années 30 et 40, Lomax archiva de nombreux lamentos de forçats, entonnés a capella. Leur dépouillement instrumental donnait, à ces chants de travail modaux, une allure de gospel maudit. C’est la matière que brassent Betty Bonifassi et son excellent guitariste et réalisateur Jesse Mac Cormack. La hill country, on la trouve dans les rythmiques martiales, les plans de guitare lourds et complexes, et le choc simple et carré des toms. La voix de Betty Bonifassi, d’abord horriblement nasale, commence à rayonner de rage contenue et devient la haute autorité d’un album où presque toutes les lignes sont hégémoniques et jetées devant, notamment cette chorale féminine, utilisée parfois comme un marteau,