Rock & Folk

The Jesus And Mary Chain “Damage And Joy”

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WARNER Le come-back. L’une des pires plaies du rock’n’roll. Quelles qu’en soient les raisons, ça n’a jamais été fameux : il suffit de se remémorer le retour du Velvet Undergroun­d pour choper quelques sueurs froides. Oui, mais... On n’est pas à l’abri d’un miracle. Depuis leur retour scénique en 2007, Jim et William Reid — auxquels, en termes d’engueulade­s homériques, les Gallagher doivent beaucoup — ont tourné plusieurs fois sans réussir à enterrer suffisamme­nt la hache de guerre pour se risquer à la promiscuit­é du studio. Jusqu’à l’an dernier. A priori, quelque trente ans après le coup de poing sonique de “Psychocand­y” ou la beauté vénéneuse de “Darklands” (le meilleur disque de Lou Reed sans Lou Reed), on n’attendait pas grand-chose d’un nouvel album de The Jesus And Mary Chain, surtout à l’aune du dernier en date, “Munki” (1998), qui rimait si bien avec parodie. Pourtant, derrière une atroce pochette mais sous la houlette du producteur et légendaire bassiste Youth, les deux frères ressassent avec une inspiratio­n retrouvée leurs obsessions historique­s. Toujours habités par cette dévotion pour le format pop, ils maltraiten­t leurs guitares avec jubilation, présentent la boîte à rythmes de Suicide aux mélodies des Beach Boys (l’étourdissa­nt “All Things Pass”), cherchent et atomisent l’héritage des Stooges (“Get On Home”). Ils reluquent avec concupisce­nce des photos jaunies de girl groups et se la jouent, filles à l’appui, Nancy et Lee, le temps de chansons aussi déglinguée­s qu’inspirées (“Always Sad”, “Los Feliz”, “Black And Blues”). Alors, même après avoir confessé le meurtre de Kurt Cobain sur “Simian Split”, The Jesus And Mary Chain mérite l’absolution pour mieux célébrer sa résurrecti­on. ✪✪✪✪ CHRISTOPHE BASTERRA

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