Steve Hackett
“The Night Siren” INSIDEOUT MUSIC
La meilleure attitude à adopter pour aborder sereinement ce nouvel album de Steve Hackett, c’est de se replonger dans sa biographie pour ne pas oublier qu’il a quitté Genesis au moment où le groupe commençait à opérer un virage plus grand public, plus commercial. Ce détail a son importance tant dès les premières notes, on a la nette impression d’entrer dans un univers d’un autre temps, au point de sentir le besoin d’aller vérifier dans les notes de pochette que l’on n’a pas affaire à de vieux inédits exhumés des archives du guitariste. Dire qu’il est resté scotché au Genesis de la première heure frôle le pléonasme. Volonté affirmée d’ailleurs par le choix des titres du groupe qu’il a déjà revisité dans deux de ses anciens albums et qu’il continue de jouer sur scène. Mais là où la différence se fait sentir, c’est que ses compositions solo sont loin d’avoir la tenue de celles de son ex-combo. Bien sûr, il y a ces suites de breaks hirsutes, ces galops rythmiques menés à grands coups de riffs saturés qui débouchent presque systématiquement sur des soli, ces moments d’apaisement où l’on reconnaît son style de guitare éthéré, sauf que tout cela tourne souvent à vide. L’impression dominante reste celle d’un grand foutoir où l’on croise des guitares hispanisantes, des ambiances péruviennes, le fantôme de Syd Barrett ou encore des compositions aux allures de musiques de films pour grosses productions hollywoodiennes. En revanche, dès que Steve Hackett met un peu d’ordre dans tout ça et favorise l’accroche mélodique, les titres prennent soudainement un tout autre relief (“West To East”, “Behind The Smoke”). Des moments malheureusement bien trop rares pour sauver l’affaire. ✪✪ ERIC DECAUX