Rock & Folk

Elvis, Jerry Lee, Carl, Johnny... Sun Records

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Si certaines séries pro-rock ont droit de vie sur le câble français (“Nashville” sur Série Club, “The Get Down” sur Netflix dont la deuxième saison débarque ce 7 avril), d’autres mettent un certain temps à intéresser nos diffuseurs. Quand sera-t-il alors de “Sun Records”, nouvelle mini-série sur la naissance du rock diffusée depuis fin février sur CMT, chaîne américaine créée dans les années 80 et initialeme­nt axée sur les concerts et vidéo-clips de musique country. Après le “Vinyl” de Scorsese qui démarrait sa rock story dès les années 70 (drogue, sexe), “Sun Records” remonte vingt ans en arrière dès le début des années 50 (no drogue et sexe prude) en se basant sur le mythique MillionDol­lar Quartet, nom donné à la séance d’enregistre­ment dans les studios Sun à Memphis le 4 décembre 1956 et réunissant Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins et, vaguement, Johnny Cash. Qui, s’ils étaient restés collés l’un à l’autre depuis cette mythique jam session, auraient pu virer au groupe légendaire à la Stones ou Beatles (... ou les Charlots ? Non ? Bon !). Un événement qui inspira une comédie musicale jouée à Chicago puis à Broadway en 2009/ 2010 avant de se muer en une mini-série de huit épisodes où l’on scrute les débuts presque doucereux des quatre grands mythes du rock. Un quadruple biopic en un, en quelque sorte. Dans le premier épisode, la mise en place des personnage­s se fait par saynètes : un enregistre­ment de “In The Jailhouse Now” dans les futurs locaux de Sun Records ; Elvis découvrant le gospel dans une église afro-américaine ; Johnny Cash fumant une clope sur la tombe de son jeune frère avant d’annoncer à ses parents qu’il part faire l’armée dans l’US Air Force... Ou encore, personnage secondaire, le country boy Eddie Arnold qui, avec son look de Roy Rogers (acteur/ cow-boy/ chanteur culte des années 40), gratte de la guitare dans une fête foraine où il croise le colonel Parker qui finira par devenir son imprésario. Un épisode 1 qui, tout en slalomant entre les musiques (rock, country, gospel), se clôt sur l’apparition du guitariste/ chanteur de rhythm’n’blues Joe Hill Louis alias Lester Hill (rôle joué par le bluesman Dom Flemmons). Repéré dans un bar par Sam Phillips, ce dernier l’engage pour jouer en studio “Gotta Let You Go” trois ans avant de fonder son label Sun. Si la série promet d’autres grands moments de la grande histoire du rock (comme la rencontre entre Sam Phillips et Elvis promise dès le troisième épisode), “Sun Records”, série au look nostalgiqu­ement vintage — les fifties y sont reconstitu­ées très proprement — s’attache progressiv­ement aux carrières naissantes du quatuor. Sur fond de jeunesse, de genèse (du rock), d’espoir, d’ambition et d’innocence. Du temps où Elvis n’avait pas encore le bide gonflé par les sandwichs au beurre de cacahuète, où Johnny Cash n’était pas défoncé aux amphètes (et Carl Perkins à l’alcool) et où Jerry Lee Lewis ne jonglait pas avec les allumettes pour mettre le feu à son piano. Une vision presque idyllique (et contre nature ?) du rock. Producteur exécutif de la série, réalisateu­r du premier épisode, le franco-british Roland Joffé — palmé à Cannes il y a trois décennies pour son “Mission” et tombé depuis dans l’enfer de la série Z (voir son gênant torture porn “Captivity” shooté il y a dix ans) — renaît donc par le biais de la télévision. Quant aux accros des biopics rock, ils s’amuseront à juger de nouveaux et jeunes acteurs inconnus en les comparant à leurs aînés : Kevin Fonteyne en Johnny Cash assurera-t-il autant que Joaquin Phoenix dans “Walk The Line” ? Christian Lees en Jerry Lee Lewis sera-t-il aussi déchaîné que Dennis Quaid dans “Greats Balls Of Fire” ? Et Drake Milligan en Elvis retrouvera-t-il le déhancheme­nt groovy de Kurt Russell dans “Le Roman D’Elvis” de John Carpenter ? Reste sept épisodes pour confirmer ( inédit).

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