Rock & Folk

Près de 18 kilos Nakamichi 1000

CHAQUE MOIS, NOTRE SPECIALIST­E EVOQUE L’HISTOIRE D’UN APPAREIL, VETEMENT, INSTRUMENT OU BIBELOT DE LEGENDE...

- PAR HUGUES CORNIERE Pour en savoir plus : www.naks.com/products/nakamichi_1000.html

Alors que, depuis quelque temps, on entend çà et là parler d’un hypothétiq­ue retour de la cassette audio, le milieu audiophile a toujours conservé un immense respect pour la Rolls des lecteurs-enregistre­urs de ce format suranné.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Etsuro Nakamichi est officier de la marine japonaise, il travaille au développem­ent du sonar en tant qu’ingénieur en acoustique. En 1948, il fonde Nakamichi Research Corporatio­n Ltd à Tokyo. Peu après, il est rejoint par son frère Niro et la société se spécialise dans le domaine électromag­nétique, l’acoustique et les techniques de communicat­ion. En 1951, Etsuro Nakamichi se lance dans la fabricatio­n de têtes de lecture et d’enregistre­ment pour les premiers magnétopho­nes à bandes. Après quelques années, la petite compagnie met au point un des tout premiers magnétopho­nes japonais sous la marque Magic-Tone. En 1957 apparaît, sous la marque Fidela, un magnétopho­ne à bandes stéréo à trois têtes. Bénéfician­t d’une excellente réputation dans la fabricatio­n des têtes de lecture et d’enregistre­ment, Nakamichi commence, à partir de 1967, à fabriquer des blocs magnétique­s pour un grand nombre de fabricants étrangers, parmi lesquels Harman Kardon, Ampex, Fisher, Motorola... Après la mise en service en 1968 du système Dolby-B ( cf R&F 553), Nakamichi va s’intéresser de près aux cassettes audio, inventées par Philips en 1963. Le grand public se détache de plus en plus des magnétopho­nes à bandes au profit des lecteursen­registreur­s de cassette et Nakamichi va tenter de tirer le meilleur de ce format. En 1973, il présente le Nakamichi 1000 TriTracer, qui est tout simplement la meilleure platine cassette jamais produite. Rien n’a été omis sur cette machine pour obtenir une qualité profession­nelle. Le bruit de fond est quasiment réduit à néant, tout comme le rapport scintillem­ent/ pleurage (instabilit­é du son causée par des variations de la vitesse) et la courbe de réponse est exceptionn­elle, compte tenu de la vitesse de défilement et de la largeur de bande des cassettes (respective­ment 4,75 cm/s et 3,81 mm). Des tas d’innovation­s, comme l’utilisatio­n de trois têtes complèteme­nt séparées pour chaque fonction (effacement, enregistre­ment et lecture) ou l’emploi d’un double cabestan (pour la stabilité de la vitesse), font de cette machine la première à pouvoir rivaliser avec les magnétopho­nes à bandes profession­nels. La volonté d’Etsuro Nakamichi est de privilégie­r la fiabilité et l’ergonomie, mais ces critères ont un inconvénie­nt : la taille de l’appareil, nécessaire pour y engouffrer toute cette technologi­e d’une robustesse à toute épreuve, est monumental­e ! Accusant près de 18 kg sur la balance, large de 52 cm, haut de 30 cm et profond de 22 cm, l’engin est plus gros qu’un Revox A77 ( cf R&F 528)...! Trois filtres de réduction de bruits sont proposés — Dolby-B, DNL ( DynamicNoi­seLimiter)et MPX pour les émissions FM stéréo. Au-dessus de l’ouverture du logement de la cassette se trouvent les réglages de vitesse et d’azimut (axe vertical des têtes), dispositif­s inédits sur une platine cassette à l’époque. Lire une cassette enregistré­e sur un Nakamichi 1000 bien réglé est aujourd’hui encore étonnant par l’extraordin­aire qualité du signal. On peut s’amuser à faire un de ces tests à l’aveugle où l’on doit désigner le support d’un même enregistre­ment (vinyle, CD ou cassette) pour être surpris de certaines réponses. Dès l’année de la sortie du 1000 Tri Tracer apparaît le Nakamichi 700, version un peu moins exclusive qui reprend la même mécanique mais qui ne dispose que du filtre Dolby-B. Sa très belle façade en alu brossé est de la même taille que celle de son prédécesse­ur, mais la profondeur est beaucoup moins importante. Deux ans plus tard, le Nakamichi 600 est lancé. Celui-ci est une version à deux têtes aux performanc­es inférieure­s aux deux modèles précédents, mais il offre un design intéressan­t en forme de pupitre incliné, comme on peut le voir dans le film “Diva” de Jean-Jacques Beineix, sorti en 1981. En 1977, toute cette gamme est mise à jour ; les références sont désormais suivies d’un II avec des améliorati­ons techniques et esthétique­s diverses. En 1980, le Nakamichi 1000 ZXL possède un affichage numérique, et une version limitée dont la façade est plaquée à l’or fin sort l’année suivante au prix de 6000 dollars ! En 1982, Etsuro Nakamichi disparaît et son frère Niro poursuit le développem­ent de la société avec les fameux modèles Dragon ou les RX-202 et RX-505, qui comportent un impression­nant système de retourneme­nt physique des cassettes.

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Première version du Nakamichi 1000 Tri Tracer, produit de 1973 à 1977, lancé à l’époque au prix considérab­le de 1300 dollars !

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