Rock & Folk

Six fois lemot rock’n’roll

- VINCENT TANNIERES

En gros, l’histoire a duré cinq ans. Cinq ans et six albums. On fête ces jours-ci les cinquante ans du premier. Cinq ans de nourriture bio et de sandalette­s pour Ray Manzarek contre cinq ans d’excès et de pantalon de cuir pour Jim Morrison. Cinq années qui le verront passer d’Eros, dieu grec, à Demis Roussos, chanteur grec. Cinquante ans après, quoi penser des Doors ? Si la musique est intacte, vu de 2017 le groupe présente plusieurs handicaps en forme d’anachronis­me : ce pantalon de cuir et cette propension à se mettre torse nu en sont deux. Personne ne fait plus ça. Les night-clubs ont disparu, derniers repaires de ces types auto surnommés Jim, qui se parfumaien­t à l’eau de toilette Scorpio. Ils étaient rock, ces Jimmy mais ils ont disparu avec notre époque, cette époque qui ne fume plus et qui ne consomme qu’avec modération. Pourtant, ici, au pays des Enfoirés, le rock n’a jamais été aussi présent, devenant populaire pour les mauvaises raisons, passant de musique donc d’art, à qualificat­if. Et le cas est unique. Dit-on de quelqu’un qu’il est jazz ? On entend du rock dans les publicités de déodorants pour homme, de mascara pour filles et il est omniprésen­t dans la bande son de “L’Amour Est Dans le Pré” ! Un peu de vent sur la façade ouest ? on parle d’une météo rock’n’roll. Un échange houleux ? c’est l’ambiance qui devient rock’n’roll. Envie d’un T-shirt Slayer ? Allons chez H&M ! Une époque où, cycliqueme­nt, la presse féminine assure que l’hiver sera gothique, le printemps grunge, l’été hippie et le reste de l’année, rock’n’roll assurément. Un peu de yuzu dans une recette ? et bam, elle devient rock’n’roll pour les grands chefs, ces nouveaux héros médiatique­s parfois tatoués et motards. Même Bison Futé s’y met en parlant de retours de week-end, rock’n’roll… Bref, une société qui n’a rien compris au rock’n’roll. L’occasion pour Rock&Folk de tout remettre en perspectiv­e. De continuer à raconter l’histoire et à imprimer la légende. D’ envisager“le futur du rock sans rien oublier du passé ”, comme disait le slogan des années 00.

Au moment de conclure, impossible de terminer sans penser à Cyril Deluermoz, Nikola Acin et Scott Beaumont. Sans penser à Basile Farkas, mon adjoint, Yasmine Aoudi et Matthieu Vatin, l’équipe 2017. Impossible de terminer sans penser aux journalist­es, photograph­es, illustrate­urs qui font ce journal. A la publicité, Olivier Thomas et Thierry Solal. Impossible de terminer sans penser à Philippe Budillon et à son indéfectib­le confiance et sans remercier Patrick Casasnovas de permettre la liberté de Rock&Folk.

Impossible enfin de terminer sans penser à Philippe Manoeuvre que, personnell­ement je n’ai pas appelé une seule fois Philman en 24 ans et qui a décidé de me laisser dessiner l’avenir de ce journal, mettant fin à la dynastie des Philippe (Koechlin, Paringaux, lui…). Un jour peut-être, ce journal sera dirigé par un Jean-Kévin. Et pourquoi pas ? L’Amérique est bien gouvernée par un Donald ! Bonne lecture.

Newspapers in French

Newspapers from France