Rock & Folk

PROPER ORNAMENTS

Avec son deuxième album, le quatuor anglais remet au goût du jour une certaine forme de mélancolie velvetienn­e. “Foxhole”, disque automnal à la beauté intemporel­le, a le potentiel pour être un futur classique mineur.

- Eric Delsart

L’histoire de Proper Ornaments est faite de conflits, de réconcilia­tions et de coups de chance providenti­els. La rencontre entre l’Anglais James Hoare et l’Argentin Max Oscarnold est aussi romantique qu’improbable, presque trop belle pour être vraie. “Elle est 100% véridique” se justifie

Hoare, “La petite amie de Max l’a emmené avec elle pour qu’il me distraie pendant qu’elle volait des choses dans le magasin où je travaillai­s. C’était une boutique de vêtements féminins. J’étais en train de lire un livre sur le Velvet Undergroun­d et il est venu me parler au comptoir”.

Oscarnold l’interrompt : “Je n’en suis pas vraiment fier…” Hoare le

reprend : “C’est aussi arrivé parce que j’étais très fainéant. Je travaillai­s dans ce magasin de disques, le Record & Video Exchange de Notting Hill, qui possédait aussi ce rayon vêtements juste à côté. J’allais souvent y tenir la caisse parce qu’il n’y avait jamais personne et je passais la journée à bouquiner. Max et moi avons sympathisé ce jour-là, et très vite nous avons commencé à jouer et écrire des chansons ensemble”.

Sales histoires

C’est ainsi que le groupe s’est formé autour de ce binôme à la dynamique intéressan­te : le flegmatiqu­e Hoare contrastan­t avec l’exubérant Oscarnold. Ce dernier était arrivé peu de temps avant en Angleterre par l’entremise d’Andrew Loog Oldham : “C’est une histoire folle, détaille Oscarnold, je jouais dans un groupe en Argentine nommé Los Otros. Certains des membres du groupe

connaissai­ent Andrew depuis les années 90 et il a accepté de nous produire. Malheureus­ement, nous n’avons jamais terminé le disque, et comme la situation était compliquée il m’a aidé à quitter

l’Argentine”. Alors qu’Oscarnold était embrouillé dans de sales histoires de drogue et que sa famille voulait le faire hospitalis­er, le légendaire producteur des Rolling Stones a littéralem­ent offert à Oscarnold un aller simple pour l’Angleterre. “On est toujours en contact, on s’envoie des mails régulièrem­ent, poursuit Oscarnold, il vit entre Vancouver et Bogota”.

Embrouille­s fréquentes

Après plusieurs singles, le groupe a publié en 2014 son premier véritable album studio chez les classicist­es de Slumberlan­d, intitulé “Wooden Head”, dans une veine inspirée des Byrds et des groupes de la compilatio­n “C86” (The Pastels, The Wedding Present…). D’autres simples ont suivi, puis le groupe s’est mis à travailler sur l’album qui allait devenir “Foxhole” dans une ambiance délétère, les deux leaders s’étant

brouillés, comme ça leur arrive fréquemmen­t (“Une fois on ne s’est pas parlé pendant six mois à cause d’un blouson” dixit Hoare). Une fois de

plus le destin s’en est mêlé : “On a commencé à enregistre­r dans le studio où on avait fait ‘Wooden Head’. Ce n’est qu’à la fin de nos sessions qu’on s’est aperçu qu’il y avait un problème. Les bandes étaient voilées, ce qui provoquait des chan-gements de vitesse intempesti­fs. On avait déjà enregistré six chansons, on a tout jeté” explique Hoare. Devant telle accumulati­on de déconvenue­s, le groupe aurait pu imploser et mettre fin à son aventure (d’autant que Hoare ne manque pas de side-projects avec les excellents Veronica Falls et Ultimate Painting, Max Oscarnold est quant à lui le nouveau claviérist­e de Toy), mais l’inci-dent fut salvateur. “Ça a tout changé parce qu’on avait prévu de faire un album similaire au pré-cédent explique Oscarnold. Comme on n’avait plus envie de refaire ces six chansons, on a changé la sélection, on a décidé d’aller vers autre chose”. Le temps avait fait son oeuvre et les deux leaders, réconcilié­s, ont retrouvé le plaisir de jouer en-semble. C’est dans cette ambiance apaisée que les Proper Ornaments ont réenregist­ré l’album à l’ancienne, dans la maison de James Hoare aménagée en studio, donnant ainsi à leurs chan-sons mélancoliq­ues une sorte de quiétude récon-fortante. “A la maison, on n’avait pas à se soucier du temps de studio, on pouvait changer des petits détails poursuit

l’Argentin. On dînait ensemble, on buvait du vin, l’environnem­ent était relax. On a voulu faire un album à la simplicité chaleu-reuse comme celui du Plastic Ono Band”.

miraculeux, à l’esthétique Il dépouillée­en résulte qui un évoque disque le place Velvet Proper Undergroun­d Ornaments du parmi troisième les album groupeset quiles plus touchants du moment.

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