Rock & Folk

GUNS N’ROSES

14 FEVRIER, MELBOURNE CRICKET GROUND (MELBOURNE) Plus réconcilié­s que jamais, Axl, Slash, Duff et Izzy ont fêté la Saint-Valentin dans l’été austral. Voici à quoi ressembler­a le grand barnum Gunners, de passage au stade de France le 3 juillet prochain.

- Vincent Hanon

Au-delà de la grosse cylindrée libidineus­e, le coeur du rock’n’roll bat-il toujours sous les flingues et les roses ? Le poids lourd californie­n n’avait pas joué en Australie depuis 2013, quand Axl Rose se voyait seul membre originel à porter le poids de la légende rebelle entamée voilà trente ans à Hollywood avec “Appetite For Destructio­n”. Guns N’Roses s’est depuis transformé en une lucrative affaire et a généré quelque 200 millions de dollars en moins d’un an sur la tournée Not In This Lifetime.

Choc garanti

Temps et thunes réparent bien des choses, et Slash et Duff McKagan se retrouvent pour la première fois réunis avec leur chanteur en vingt-trois ans, même si problèmes de drogues et d’ego ont eu raison de la formation initiale. Personne n’a oublié les noms d’Izzy, Steven Adler ou Matt Sorum, mais tout le monde a un peu plus de mal à se rappeler ceux des remplaçant­s. Dizzy Reed est aux claviers depuis “Use Your Illusion”, Richard Fortus à la guitare et Frank Ferrer à la batterie officient depuis un bail aussi, tandis que la nouveauté vient du côté de la choriste Melissa Reese. Au MCG, depuis un siège vertigineu­x situé à l’avant-dernier rang du stade de 70 000 places, on voit d’abord que Wolfmother rame un peu. Dans la bouillie sonore inhérente aux premières parties du genre, Andrew Stockdale aligne vaillammen­t ses classiques stoner rock, de “New Moon Rising” à “Apple Tree”. Le célèbre logo tourne ensuite en 3D sur la scène gigantesqu­e, tandis que le sound system crache la voix soul de Barry White. Des coups de feu d’avertissem­ent retentisse­nt et l’on s’attend à voir surgir Bugs Bunny lors du thème de “Merry Melodies/ Looney Tunes”, avant que l’excitation ne monte d’un cran lors de celui de “The Equalizer”.

“Bonjour Sydney !” scande la voix tonitruant­e du roadie McBob, vite couverte par les huées de la foule piquée au vif. Un malaise immédiatem­ent dissipé par la bourrasque qui s’abat aussitôt plaquées les accords de “It’s So Easy” sur la Fender Jazz Special de Duff. La voix caractéris­tique d’Axl se fait entendre et le chanteur maniaco-dépressif envoie valdinguer son pied de micro, avant de tendre un majeur outrancier à la foule : “Fuck

off ! ” Haut de forme vissé sur les bouclettes, Slash est à la fête, mazette. “You know where

you are ?” Sans temps mort, ni nouvelle chanson, le matos du premier album reste celui qui emporte le morceau. A partir de la reprise emphatique de “Live And Let Die” de Wings, Guns N’Roses multiplie riffs et oeillades à l’histoire. Duff a troqué son T-shirt

Motörhead vintage pour un No Fuck Given, et s’approche du micro pour chanter “You Can’t Put Your Arms Around A Memory”. Choc garanti pour qui a vu Johnny au Gibus, avant que la mélodie ne se transforme au refrain en “Attitude” de The Misfits.

Lourdes volutes d’herbe

Songeur, on va chercher une bière au moment de la ballade, avant de revenir lors d’une version poignante de “Civil War”. Slash part en solo et se lance dans “Le Parrain” aux finitions flamenco, avant “Sweet Child O’ Mine” qui expédie l’enceinte vers les étoiles. Un sentiment de fierté nationale souffle quand débarque Angus Young en jean et T-shirt noir. L’épileptiqu­e guitariste semble plus à l’aise avec Guns N’Roses qu’Axl avec AC/DC, mais les deux groupes s’avèrent bien complément­aires. L’écran affiche les bagouses méphistoph­éliques caressant les touches du piano sur “November Rain”, qui évoque un hommage démesuré à Liberace repris en choeur la nuit de la Saint-Valentin. Sortant de son t-shirt complèteme­nt ouvert le double manche sur “Knockin’ On Heaven’s Door”, Slash change de guitare comme Axl de costume scénique et ressemble à l’Incroyable Hulk, en moins vert. De lourdes volutes d’herbe flottent dans les gradins avant un final paroxystiq­ue qui fait l’enfer après deux heures trente, et le rock’n’roll est sauvé. Qui d’autre ? Pas grand monde dans cette vie.

It’ s So Easy/Mr Brown stone/ Chine se Democracy /Welcome To The Jungle/ Double Talkin’ Jive/Better/ Estranged/ Live And Let Die/ Rock et Que en/ Y ou Could Be Mine/ You Can’ t Put Your Arms Around A Memory/Attitude/This IL ove/ Civil War/ Speak Softly, Love (Love Theme From “The God father”) / Sweet Child O’Mine/ Whole Lotta Rosie / Riff Raff / Wish You Were Here / Layla / November Rain / Knockin’ On Heaven’ s Door/ Nightrain/(rappel) Don’ t Cry/ Babe I’ m Gonna Leave You/ Paradise City

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