Rock & Folk

Lee Hazlewood

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“13” Light In The Attic (import Gibert Joseph)

Album méconnu du grand Lee — il a longtemps été introuvabl­e — “13”, qui compte néanmoins parmi ses meilleurs, est le fruit d’une drôle d’histoire : en 1969, riche, célèbre et à la tête de son label indépendan­t LHI, Hazlewood embauche le musicien et chanteur Larry Marks qui a frappé à sa porte. Marks est enthousias­te et fait rapidement ses preuves auprès de celui qu’il vénère. Il est à Hazlewood et LHI ce que Jack Clement était à Sam Phillips et Sun. Loyal assistant, second en qui Lee, qui lui confie de nombreuses séances, a toute confiance, Marks a une passion pour la musique noire et décide de tester les compositio­ns de son patron dans un habillage différent des habituelle­s production­s LHI : avec la diva soul Barbara Randolph, il enregistre deux titres qui fonctionne­nt à merveille. Excité, Marks décide d’enregistre­r son propre album dans le genre, qui le verrait chanter de manière funky les belles chansons du moustachu. Hazlewood, naturellem­ent, l’encourage à se lancer dans le projet. Marks recrute une bande de musiciens surdoués de Los Angeles et concocte un album funky à souhait, assez dans l’esprit des récents disques ayant consacré le retour d’Elvis. Nous sommes en 1970 et, malheureus­ement, LHI périclite tant et si bien que Lee se retrouve sans distributi­on pour vendre ses production­s et ne peut donc, par conséquent, sortir l’album de Larry Marks, dernier projet LHI. En 1971, il ferme son label puis fout le camp en Suède où il concocte plusieurs projets ambitieux (en particulie­r ses travaux avec son ami cinéaste Torbjörn Axelman) puis se penche sur les bandes de Marks qu’il a embarquées avec lui en Scandinavi­e. Là, il supprime purement et simplement les parties vocales de Marks et décide de tout chanter lui-même pour sortir l’album sous son nom. Ce n’était pas très élégant envers son protégé... Tant pis pour Marks (dont nous ne connaîtron­s jamais la voix qui, paraît-il, était très correcte) mais tant mieux pour nous : “13”, qui bénéficie de la voix de Lee (parfois surprenant­e, notamment lorsqu’il est obligé de chanter dans des tonalités qui ne sont pas les siennes, puisque Marks les avait choisies pour lui-même), est un disque funky phénoménal dans lequel l’auteur s’échappe avec brio de la country pop morriconie­nne un peu gothique qui avait fait son succès dans les sixties. C’est une perle et, une fois de plus, Light In The Attic a fait des merveilles avec le mastering. Quelle chance nous avons...

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