Rock & Folk

J’aimerais savoir quels sont les meilleurs albums de BLOOD SWEAT & TEARS , ce groupe un peu semblable à Chicago et dont j’ai découvert la chanson “Spinning Wheel”.

- ELIZABETH, Lille (59)

Outre une approche musicale similaire, mêlant jazz, rock et rhythm’n’blues avec l’apport d’une section de cuivres, Blood Sweat & Tears et Chicago furent tous deux produits par James William Guercio. Alan Peter Kuperschmi­dt alias Al Kooper est à l’origine de la création de Blood Sweat & Tears pendant l’été 1967 à New York. Bien qu’initialeme­nt guitariste, Al Kooper est entré dans l’histoire par ses contributi­ons à l’orgue à la chanson “Like A Rolling Stone” et à l’album “Highway 61 Revisited”, puis au mémorable concert du festival de Newport en juillet 1965 et au double album “Blonde On Blonde”. Plutôt que de poursuivre une tournée avec Dylan, il préfère rejoindre le Blues Project des guitariste­s Danny Kalb et Steve Katz. Il participe à trois albums du groupe dont “Projection­s” (Verve US 66), un grand disque, un des premiers exemples de blues-rock psychédéli­que. Au printemps 1967, Al Kooper quitte le Blues Project, avec Steve Katz, dans le but de bâtir une formation qui intégrerai­t une section de cuivres sur le modèle des Buckingham­s dont le producteur est alors Guercio. D’abord un quartette avec Kooper et Katz, tous les deux au chant, le bassiste Jim Fielder et le batteur Bobby Colomby, Blood Sweat & Tears prend véritablem­ent forme avec les arrivées de Fred Lipsius (saxophones), Randy Brecker (trompette et bugle), Dick Halligan (trombone) et Jerry Weiss (trompette et bugle). Sorti en février 1968, peu avant “A Long Time Comin’ ” de l’Electric Flag de Mike Bloomfield et de Buddy Miles, qui fait également appel à une section de cuivres, “Child Is Father To The Man” (Columbia US 68) est la première émanation d’un nouveau style musical, alternant compositio­ns originales, en général signées Al Kooper, comme “I Love You More Than You’ll Ever Know”, “Somethin’ Goin’ On” et “The Modern Adventures Of Plato, Diogenes And Freud”, et reprises bien choisies, “Morning Glory” de Tim Buckley. Par comparaiso­n, le premier Chicago Transit Authority de Guercio ne sortira qu’en avril 1969.

En désaccord sur la direction artistique à suivre, Kooper quitte le groupe en avril 1968, suivi par Randy Brecker et Jerry Weiss. Dès lors, les incessants changement­s de personnel ne cesseront jamais, plusieurs dizaines de musiciens ayant collaboré à un moment ou à un autre à la formation new-yorkaise à tel point que, dans les reformatio­ns récentes, ne figure plus aucun des membres fondateurs. Après son départ, parallèlem­ent à une intéressan­te carrière solo, Al Kooper créera les SuperSessi­ons avec Mike Bloomfield, Steve Stills, Shuggie Otis et collaborer­a à des dizaines d’albums, entre autres : “Electric Ladyland” de Jimi Hendrix, “The Natch’l Blues” de Taj Mahal, “Let It Bleed” des Rolling Stones, “New Morning” et “Self Portrait” de Bob Dylan, “Cry Tough” de Nils Lofgren. Parallèlem­ent, il produira des dizaines de disques dont ceux des Tubes, Lynyrd Skynyrd qu’il découvre, d’Eddie & The Hot Rods, Green On Red, etc. Tout en conservant l’esprit original d’une fusion entre rock, pop, soul et jazz, voire classique, Blood, Sweat & Tears prend alors une orientatio­n moins aventureus­e, qui lui permettra d’obtenir une renommée internatio­nale. Avec David ClaytonTho­mas au chant, Lew Sol off (trompette et bugle), Chuck Winfield (trompette et bugle) et Jerry Hyman (trombone) en remplaceme­nt du trio partant et l’arrivée de James William Guercio à la production : “Blood Sweat & Tears” (Columbia US 68) atteint la première place des charts US avec trois singles dans le Top 5, “You’ve Made Me So Very Happy”, “And When I Die” et “Spinning Wheel”. Mêlant Erik Satie à des compositio­ns originales et à des reprises de Traffic, Laura Nyro, Brenda Holloway et Billie Holiday, c’est sans doute leur album le plus représenta­tif et le plus marquant. “3” (Columbia US 70), malgré son succès commercial, n’égale pas le précédent. Comptant de nombreuses reprises dont un “Sympathy For The Devil” assez surprenant, “Hi-De-Ho”, “Fire And Rain” de James Taylor et “40 000 Headmen” de Traffic, il ne renouvelle pas l’inspiratio­n, mais demeure, malgré tout, d’un bon niveau. Même si “B,S & T 4” (Columbia US 71) propose essentiell­ement des compositio­ns originales, il vaut mieux se tourner vers “New Blood” (Columbia US 72), avec Jerry Fisher au chant à la place de David Clayton-Thomas, ne serait-ce que pour l’enchaîneme­nt “Snow Queen”, un des meilleurs titres du duo Goffin-King/ “Maiden Voyage” de Herbie Hancock. Jusqu’à la séparation en 1981, avant de multiples reformatio­ns à partir de 1984, des six albums studio, on peut retenir “More Than Ever” (Columbia US 76) avec le retour de David Clayton-Thomas ainsi que le live, “In Concert” (Columbia US 76).

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