Rock & Folk

Pokey LaFarge

- “Manic Revelation­s”

ROUNDER/UNIVERSAL Embardée sur la jante. Rangés les washboards, fini de jouer les péquenauds du samedi soir et les jazzeux de la grange, old-time/ manouche, en se défendant envers et contre tout d’être rétro, assez dupliqué le même 78 tours de western-swing au long de six ou sept albums. Ce costume, il le portait très bien mais, à force, il commençait à ressembler à un bleu de travail. Pour donner une suite à ses aventures, Pokey a choisi de faire plus intemporel en mélangeant les genres. Le swing vintage qui faisait sa marque traîne toujours un peu là, mais il se dilue dans une sorte de country à l’ancienne reprofilée. Pokey a viré la botte de foin, démonté l’accélérate­ur, ralenti le tempo, électrifié la guitare et la basse, acheté une batterie, ajouté des cuivres à la tournure très rocksteady et une capillarit­é de rhythm’n’blues. L’actualité aura sorti Pokey du bocal dans lequel il rêvait aux années 30 : un Noir désarmé, froidement exécuté par un policier à Ferguson, Missouri, pas loin de chez lui, la découverte en tournée que son pays faisait flipper le reste du monde, et la révélation qu’un chanteur pouvait s’émouvoir de ces choses-là sans avoir besoin de tonner, dans un album aux angles doux, avec ses copains de SaintLouis, ceux du South City Three : Joey Glynn, Ryan Koenig et Adam Hoskins, toujours aussi pointus. Sa voix, naguère affligée d’un gros vibrato nasal qui collait bien à ses chansons de moonshiner, s’est éclaircie et colle maintenant vraiment bien à cet old-time new-look tropicalis­é, paisible et grave, dont les belles mélodies (“Going To The Country”) ne sont jamais téléphonée­s. Pokey joue ici un coup magistral. CHRISTIAN CASONI

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