Rock & Folk

BLONDIE

Le groupe new-yorkais revient aux affaires avec un album auquel quelques prestigieu­x fans sont venus prêter main forte.

- RECUEILLI PAR JEROME SOLIGNY

“On a grandi en sachant qui était Jean- Luc Godard”

Et de onze pour Debbie et Chris. En mode éternel recommence­ment ? Oui et non. “Pollinator” les montre en bonne forme, c’est rassurant. Avide de nouveauté ? Apparemmen­t. Open minded, tournés vers les autres ? C’est flagrant. Ce onzième album depuis le milieu des années 70 (avec un break de quinze ans tout de même, pour se remettre d’émotions diverses et d’excès prévisible­s) démontre que le temps glisse sur ces Amerloques, bien dans leur pop, qui ne détestent pas celle des autres, même des jeunes, auxquels ils ont ouvert ce disque en demandant qu’ils leur envoient des chansons. Dans un hôtel cossu de la capitale où ils se produiront fin juin (Olympia), alignés sagement sur une banquette, ils ont fait le point et raconté où ils en étaient. Avec cette élégance naturelle et cet enthousias­me mesuré qui sont l’apanage des grands.

Vers l’avenir

ROCK&FOLK : L’album précédent devait beaucoup aux machines, mais vous avez l’air d’être revenu à un son de groupe.

Chris Stein : Oui, c’est effectivem­ent plus organique, comme un retour aux sources. C’est d’ailleurs assez curieux que ça ait évolué comme ça puisque nous avons essentiell­ement travaillé avec des gens venus de l’extérieur... Ce son, c’est peut-être plus fort que nous.

R&F : Qu’est-ce qui a déclenché cette ferveur collaborat­ive ?

Chris Stein : La chanson de Johnny Marr. Après l’avoir reçue, nous avons eu envie de faire appel à d’autres musiciens, d’autres singer-songwriter­s, dans l’espoir qu’on nous en envoie d’autres aussi bonnes (rires).

Deborah Harry : L’idée n’est pas exactement neuve en fait, car au sein des diverses formations du groupe, nous avons toujours eu au moins trois ou quatre personnes qui participai­ent à l’écriture. En plus, nous n’avons jamais hésité à reprendre des chansons des autres. Blondie a toujours fait montre d’ouverture.

R&F : Eprouvez-vous davantage de difficulté­s à composer aujourd’hui ? Votre muse est-elle toujours au rendez-vous ?

Chris Stein : C’est une bonne question, mais j’ai peur de ne pas pouvoir y répondre. Disons que le problème ne s’est pas posé puisque cette fois, nous avons choisi de faire appel à d’autres.

R&F : Quel a été votre principal critère de choix ?

Chris Stein : Il suffisait qu’il s’agisse d’artistes qu’on apprécie, ça n’a pas été plus difficile que ça.

Deborah Harry : On a la chance que beaucoup de gens qu’on aime nous le rendent bien et on s’est retrouvés avec pas mal de titres, disons, une trentaine. Le choix a été difficile et on a essayé de privilégie­r ceux qui, volontaire­ment ou pas, comportaie­nt certaines analogies avec Blondie ou, plus exactement, offraient la possibilit­é d’orienter certains aspects du passé de Blondie vers l’avenir.

R&F : A l’écoute de l’album, on a parfois le sentiment qu’une partie de ceux qui ont écrit pour vous l’ont fait un peu à la manière de...

Chris Stein : Il est vrai que certaines chansons sonnent davantage Blondie que ce que nous faisions, nous-mêmes, depuis deux albums...

Deborah Harry : Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes issus d’une génération qui a admiré des artistes comme David Bowie ou Lou Reed, qui n’hésitaient pas à s’aventurer hors de leurs propres limites, chose que nous avons également faite, à notre manière. Nous avons estimé, cette fois, que le moment était venu de revenir à cette sorte d’ensemble qu’est Blondie, tout en embrassant la modernité que les autres nous apportent. Et je crois que la combinaiso­n est bonne.

R&F : Insérer des titres de “Pollinator” dans la set-list de vos prochains concerts va-t-il être un problème ?

Chris Stein : Je ne pense pas, je crois même que nous allons être surpris. Nous avons commencé à répéter et le résultat est étonnant.

Deborah Harry : Sur scène, le challenge est également de résumer une carrière et de présenter le nouvel album en quatre-vingt-dix minutes dans le meilleur des cas, ou une heure, le plus souvent. Nous tenons compte du fait que le public se déplace pour les chansons qu’il connaît, mais si ça ne tenait qu’à moi, je ne chanterais que les nouvelles.

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