The Afghan Whigs
“In Spades”
Bien parti, définitivement à part, The Afghan Whigs poursuit son voyage atypique avec une constante élégance. Créée en 1986, la formation de Cincinnati apparue au moment de la déferlante grunge a immédiatement développé un univers trouble, palpitant et chargé de sensualité à la David Lynch, plus profond que ceux de Pearl Jam et Mudhoney réunis. Disparu pendant les dix premières années du vingt-et-unième siècle, le groupe s’est reformé en 2011 pour se stabiliser autour de Greg Dulli, grand parolier plus que grand vocaliste, obsédé par le son Motown, cocaïne, cuivres et hip hop, et John Curley aux lignes de basse obsédantes, qui restent les deux seuls membres originaux. Derrière sa pochette effrayante représentant un Lucifer géant surplombant les pyramides, ce huitième album enregistré aux quatre coins de l’Amérique, de la Nouvelle-Orléans à Los Angeles, de Memphis à Joshua Tree, démarre de manière jazz et onirique, entre mélancolie absolue et pavane rock’n’roll. La magie, celle de leurs disques des années 90, reste intacte. Futurs classiques adultes et honnêtes, “Arabian Heights” et “Demon Profile” viennent hanter cette musique pour coeurs noirs, mais aussi “Into The Floor” qui clôture magistralement “In Spades”. Sur des jams pleines de soul psychédélique inspirées par les productions de Norman Whitfield et Jimmy Page, Greg Dulli évoque la rapidité avec laquelle la vie et la mémoire peuvent se confondre. “In Spades” file selon lui “lachair depoule”, mais The Afghan Whigs atteint surtout de nouveaux sommets mystérieux, offrant ainsi à 2017 l’un de ses premiers chocs discographiques. ✪✪✪✪