Rock & Folk

Mythe The Beatles

- VINCENT TANNIERES

Avec la banane d’Andy Warhol et la braguette des Rolling Stones, nous tenons avec “Sgt. Pepper” l’une des plus mythiques pochettes de disque pop. La chose est connue. Devenue coussin, magnet, t-shirt, mugs, et encadrée chez plein de gens rock, aussi. C’est dire son importance ! Graphiquem­ent cette pochette colorée et végétale, arty, érudite et vaguement ésotérique (quelle significat­ion donner à la présence de tous ces personnage­s et qui sont-ils ? huit Beatles dont quatre en cire... des instrument­s d’une autre musique que le rock et ces supposés messages sur la mort de Paul McCartney...) marque le passage des Beatles dans l’âge adulte, de la maturité et de leur maîtrise artistique totale et globale. La période à moustaches et à rouflaquet­tes. La période hippie et celle du LSD aussi. Les pochettes des précédents “Rubber Soul” et “Revolver” permettaie­nt encore une assimilati­on au groupe chéri. Il était possible de le copier, d’essayer de lui ressembler. D’avoir des coupes de cheveux à la Beatles, de tenter de trouver leur blouson de daim. De chanter faux les paroles en français de “Michelle”, également. De fantasmer sur la chemise de John Lennon au dos de “Revolver”, sur les lunettes de fumeur de Ringo Starr ou de voir George Harrison vaguement déguisé en cow-boy sur le collage de Klaus Voormann au recto. Cette période si gracieuse du groupe de Liverpool. Mais là, avec ce “Sgt. Pepper”, impossible d’en faire autant. Car enfin, même dans ces années de plein emploi au coeur des si fameuses Trente Glorieuses, dur de postuler à quoi que ce soit d’autre que tuba ou tambour dans la fanfare du village, attifé de la sorte. Le groupe ne tournant plus, il s’éloigne symbolique­ment des années 60 pour inventer les années 70, avant d’arrêter à peine celles-ci atteintes. Tentant au passage de devenir anonymes en pleine lumière. Comme des Daft Punk emplumés et habillés en laquais. Nous fêtons donc ces jours-ci, les 50 ans de ce qui n’est peut-être pas le meilleur album des Beatles (je vous propose d’en parler dans le Courrier, hein ?) mais à coup sûr, du plus connu. Paul McCartney n’avait pas 25 ans, George Harrison 24, Ringo Starr 26 et John Lennon pas encore 27... A propos d’âge, on nous conseille souvent, ici à Rock&Folk, de rajeunir ! Comme une solution à tout. Au vieillisse­ment, surtout... En France, nous sommes habitués à des hommes et des femmes (parité !) politiques totalement hermétique­s au rock (à part Jean-Paul Huchon, Patrick Roy et Robert Hue, allez !) et pourtant, la plupart en âge d’avoir vécu la sortie de la totalité des disques des Beatles. Certains auraient même connu la parution d’albums de jazz. Ce n’est pas le cas cette fois. Notre nouveau président de la République est jeune. Emmanuel Macron (ce prénom... Manu, quoi...), n’était pas né en 1967. Loin s’en faut. C’est un président né dix ans plus tard, en 1977, qui aura donc été adolescent en plein règne Guns N’Roses, Red Hot Chili Peppers et Nirvana ! mais qui, sur Europe 1, citait Johnny Hallyday, Léo Ferré et Charles Aznavour, en plus d’avoir fait 10 ans de piano au conservato­ire d’Amiens et choisi Magic System au soir de sa victoire sur l’esplanade du Louvre... Au moins avons-nous été épargnés de la présence de Mireille Mathieu ou de celle de Yannick Noah. C’est pas gagné... Enfin pour lui, si. Je parlais ici seulement de notre musique.

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