Rock & Folk

Left Lane Cruiser

- “Claw Machine Wizard”

ALIVE/BERTUS Quand on fraye dans une niche aussi exiguë que le cagibi du blues-punk, qu’on y règne depuis dix ans avec une densité qui serre les entournure­s, qu’on se soucie des mélodies autant que des radotages d’un aïeul, et que les héros de cette histoire monochrome, à peine plus nombreux qu’un one-man-band, ont moins que le minimum à défendre : une lime de gorge, une lime de manche, un marteau de fût, se renouveler c’est à peu près se trahir. Passent ainsi les premières plages du disque : pieuse constance, épisodes de combustion épaisse, le bottleneck de Freddy J IV refoulant les frettes en bas du manche, Pete Dio faisant gémir, post-mortem, la vache qui a fourni les peaux de ses toms. On tique, et l’éternelle casquette de Freddy commence à peser une tonne. Vient alors “Lay Down”, le quatrième titre. Polie dans l’étau du blunk, toute nuance doit être relativisé­e en conséquenc­e, bien sûr. Mais on sent quelque chose s’ouvrir. Une sorte de reggae, un filet de mélodie, une basse et même un orgue. Suit une tentative pop avec le cachet prolo de Left Lane Cruiser, comme chanté par un Rod Stewart mazouté. Puis un élancement de blues-rock stoogien. Et encore quelques partis pris de ce genre qui font briller la personnali­té de Pete, et des refrains qui ressemblen­t à des refrains. Après un instrument­al à la symétrie funkoïde, voici la crête de l’album : “Indigenous”, slow d’outre-tombe, longue déflagrati­on qui se développe au ralenti. Les deux de l’Indiana ne rompent pas leur charte monochrome, mais ils y modèlent des reliefs. Ainsi se renouvela Freddy J IV, sans qu’il eût besoin de manger sa casquette poisseuse. CHRISTIAN CASONI

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