Rock & Folk

ROYAL BLOOD

Comment se renouveler quand on n’a qu’une basse et une batterie ? C’est avec cette interrogat­ion en tête que le binôme à succès de Brighton livre son deuxième album.

- Sacha Rosenberg

La vie est une suite d’objectifs à atteindre. Pareil en musique. Les objectifs rythment la vie d’un groupe : trouver un son, un nom, un batteur qui a une batterie, des riffs, des concerts, des tickets boissons, un public, des filles au premier rang, un studio, un label, faire un album, devenir numéro 1, aller voir un match de cricket avec Mick Jagger... Ce plan parfait peut connaître un éventuel accroc : que se passe-t-il lorsqu’on réalise tout ça très vite ? Quelle est la suite ? Royal Blood a remis le rock sur les rails, en un album. Mais maintenant, que faire ?

Dans les hanches

“J’avais une réponse hyper intelligen­te à cette question... Attends, je vais m’en souvenir... Je n’y arrive pas, ça devait être trop intelligen­t pour que je m’en souvienne ! Une chose est sûre, on devait faire un deuxième album !” Le truc, c’est que se remettre d’un classique instantané peut s’avérer compliqué, l’auto-plagiat peut surgir à tout moment. Face à ce problème, Mike et Ben

ont cherché à se réinventer musicaleme­nt. “On pensait mettre beaucoup de piano, même

uniquement du piano mais on est Royal Blood, donc on a arrêté d’en jouer ! Tu vois, avec le premier album, on a instauré cette règle : seulement de la basse, de la batterie et de la voix. Pour celui là, on a voulu casser cette règle, ajouter d’autres éléments. En gros, faire tout ce qu’il faut pour rendre ces chansons incroyable­s, le truc c’est que ça nous a très vite fatigué, ça ressemblai­t à ce que tout le monde fait, il n’y avait aucune prise de risque. Alors on est retourné aux origines de Royal

Blood et là, ça nous a excité !” Voilà peut-être l’un des mots-clefs de ce “How Did We Get So Dark ?” : excité. Royal Blood a réussi à transforme­r sa lourdeur zeppelinie­nne en une parade nuptiale chère à Josh Homme. Quasiment tout l’album dégouline de sueur, d’humidité

intime. “On est devenu sexy naturellem­ent, quand on écrit on groove plus qu’avant et surtout les choses dont on parle sont plus sexy. Et puis regarde nous, comment veux-tu qu’on ne se trouve pas sexy ? On fait bouger les hanches maintenant !” Une difficulté peut se cacher. Pas dans les hanches sauf après 70 ans, mais dans la tête surtout quand on a un public aussi énorme que celui du duo. “Les bons jours on n’y pense pas, mais les mauvais jours c’est forcément plus dur. On a beaucoup de bons jours, donc ça va. On est les deux seules personnes à qui on essaie de faire plaisir, on sort quelque chose uniquement si on trouve ça cool, c’est comme une blague, tu la racontes parce qu’elle te fait rire toi et à partir de là, il y a des chances pour quelqu’un la trouve drôle aussi ! Si tu commences à penser à ce que les gens vont dire de tes chansons, il faut faire autre chose, un bowling ou aller à l’aquarium de Brighton !”

A nouveau heavy

C’est peut-être ce détachemen­t qui leur a permis d’avoir une bonne ambiance pendant l’enregistre­ment : “Tu sais, on avait aucune règle, à part enlever ses chaussures dans le studio et pas de bruit après 21 h 00 !” Une humeur joyeuse sur fond de pieds nus qui contraste avec le titre de l’album qui est, par traduction interposée,

sombre. “‘How Did We Get So Dark ?’ est une réflexion sur tout ce qu’il y a dans l’album, notamment au niveau des paroles. J’ai eu envie de parler de choses plus personnell­es. J’ai essayé d’être plus honnête et plus vulnérable. Et c’est un super titre.” Un super titre pour un album ultra attendu par les fans évidemment mais aussi par pas mal d’autres groupes qui depuis la sortie du premier album en 2014, se sont bizarremen­t remis à sonner heavy tout en enlevant certaines fioritures électroniq­ues. “C’est le but de la musique, elle est faite pour inspirer les gens, pour être empruntée, copiée, réarrangée par d’autres personnes, c’est comme ça que ça marche ! Même nous, on a

surement volé des trucs à d’autres groupes.” C’est l’avantage du mélangisme rock, la seule chose qui soit possible de choper, c’est un bon riff.

“Pas de bruit après 21 h 00 !”

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