Rock & Folk

DON BRYANT

Aussi rare que les passages de la comète de Halley, ce Sudiste à la voix d’or est de retour.

- Olivier Cachin

Don Bryant sort ces jours-ci son nouvel album solo, près de cinquante ans après le premier, “Precious Soul”, un disque culte édité en 1969 chez Hi Records (on oubliera ici son album religieux “What Do You Think About Jesus” sorti sur son label By Faith en 1986). Pas de remix électro, de stars du hip-hop en featuring ou de Bruno Mars venu jouer les boosters de notoriété, non : sur “Don’t Give Up On Love”, la soul des seventies ressuscite, comme si “Let’s Stay Together” d’Al Green était sorti la semaine dernière.

Le fameux “I Can’t Stand The Rain”

Don est un homme de l’ombre. Tel Clarence Reid (le vrai nom de Blowfly, le rappeur classé X), il a passé sa vie à écrire des chansons pour d’autres, et non des moindres : Al Green bien sûr, mais aussi OV Wright, Otis Clay, Syl Johnson et d’autres artistes du label de Willie Mitchell, sans oublier Ann Peebles, avec qui il composa le fameux “I Can’t Stand The Rain” avant de l’épouser en 1974. Si Ann s’est mise en retrait du showbiz suite à un AVC survenu en 2012, Don est en pleine forme : à 75 ans, le voilà qui embrigade la crème des musiciens de l’âge d’or de Hi Records le temps d’une dizaine de morceaux vintage. Don reprend des hits d’un passé lointain (“I Got To Know”, des Five Royales, “It Was Jealousy” d’Otis Clay), accompagné de jeunes musiciens (le guitariste Joe Restivo) et de vieux briscards qui n’ont rien perdu de leur talent (Charles Hodges et Hubby Mitchell aux claviers, de la Hi Rhythm Section). Le tout sous le contrôle du bassiste/ producteur Scott Bomar. Don est affable, et il a la réponse à toutes les questions existentie­lles : l’amour, toujours l’amour. ROCK&FOLK : Pourquoi ce nouvel album, 48 ans après “Precious Soul” ? Don Bryant : Oh, c’est parce que l’occasion

s’est présentée. Fat Possum m’a fait une propositio­n et ça m’a plu de retourner en studio. On a fait ça à l’ancienne, sept musiciens, pas de synthés, tout en live ! R&F : Quand on écoute la black music américaine d’aujourd’hui, on se dit que la soul vintage est un art perdu.

Don Bryant : Je ne le dirais pas comme ça, la soul est toujours là, il y a une nouvelle génération qui va s’y intéresser pour peu qu’on en fasse la promotion. Cet album est une porte ouverte pour ceux qui sont passés à côté de la vraie soul, et pour ceux qui l’appréciaie­nt déjà dans les années 1970. R&F : Comment vous êtes-vous retrouvé à écrire pour le label Hi Records ? Don Bryant : C’est grâce à Willie Mitchell que j’ai pu accomplir pleinement mes rêves.

Depuisprêt à tous tout les petit, sacrifices­la musique pour est y ma arriver.vie. J’étais Avec Willie, j’ai appris à devenir un auteur. J’étudiais le style des artistes pour lesquels j’écrivais afin de leur fournir des chansons qui collaient à leur personnali­té. R&F : Vous avez débuté à la fin des années 1950 avec le groupe The Four Canes, plus tard rebaptisé Four Kings. Don Bryant : On était des gamins, ça a commencé comme un truc de potes, puis ça s’est stabilisé autour de quatre chanteurs, dont mon frère James. On a convaincu un disc-jockey de passer notre single, et on a été lancés comme ça. R&F : Votre premier hit a été “Is There Someone Else On Your Mind” pour les Five Royales.

Don Bryant : Oui monsieur ! Et je me suis dit que finalement, je savais ce que je faisais ! Ils avaient entendu ma compositio­n via Willie Mitchell, et ils l’ont gardée pour leur album. Je ne sais plus trop combien ça m’a rapporté, mais ça m’a permis de continuer à écrire des chansons.

A l’ancienne

R&F : Comment voyez-vous le hip-hop ?

Don Bryant : Je peux en écouter un peu, mais je suis à l’ancienne, j’aime ce R&B avec lequel j’ai grandi. Je n’ai jamais collaboré avec des rappeurs mais je serais ravi si l’un d’entre eux voulait utiliser ma musique dans son style à lui, je serais prêt à lui donner un coup de main. R&F : On ne vous imagine pas rapper “Fuck Donald Trump” comme YG & Nipsey Hussle… Don Bryant : Non merci, la vulgarité, ça n’est pas mon truc. Je sens bien la haine qui gronde aux USA, mais pour moi la seule alternativ­e possible, c’est l’amour. Love is the answer ! ★

“Oui monsieur !”

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