3 albums sur ordonnance
Discographie Doctors Of Madness
“Late Night Movies, All Night Brainstorms” (mars 1976)
Très certainement un des disques les plus sidérants de son époque dont les deux premiers titres sont les tables de la loi de ses créateurs. Bien mieux qu’un assemblage foutraque d’influences plus ou moins bien digérées, ce premier album renvoie effectivement à tous les artistes qui ont tourné la tête et les sangs de Richard Strange, et s’impose comme une sorte de synthèse aussi intrépide que miraculeuse. Plus de quatre décennies après sa création, “Afterglow” reste une des chansons les plus mystérieuses jamais enregistrées (aux Majestic studios avec la complicité de John Punter, alors producteur de Roxy Music et Bryan Ferry) et “Mainlines”, qui met plus d’un quart d’heure à clore l’album, continue d’interpeller par l’audace de sa succession de climats fiévreux.
“Figments Of Emancipation” (octobre 1976)
Indifférent à la critique qui s’écharpe à son sujet, Doctors Of Madness publie ce deuxième 33 tours un peu plus de six mois après le précédent. Une fois encore, la témérité cingle dès les titres d’ouverture (“Brothers”, “Perfect Past”) et ce “Suicide City” qui ressuscite le Ziggy Stardust dont Bowie a abandonné la défroque trois ans plus tôt. Sonnant parfois comme une version infernale de Pink Floyd avec à sa tête un Dylan halluciné (“Marie And Joe”), “Figments Of Emancipation” résonne également du punk qui a secoué l’année de sa conception — “In Camera (Huis Clos)”, “Doctors Of Madness” — même si les textes sertis de références de Strange et la production jamais moins qu’aventureuse de John Leckie font que la comparaison concerne davantage la forme que le fond.
“Sons Of Survival” (mars 1978)
Le plus sauvage des trois albums, produit par le groupe livré à lui-même, est aussi l’écrin d’une de ses chansons les plus poignantes, interprétée par Stoner, son bassiste. Coup de botte dans la fourmilière punk et testament peut-être pas tout à fait assumé au moment de son enregistrement, “Sons Of Survival” trépigne de titres nerveux, mais rayonne grâce à ses morceaux les plus personnels (“Network”, la chanson-titre...), et bien évidemment “Kiss Goodbye Tomorrow”. Il est symboliquement interprété par Richard Strange seul, qui y déclame, sur fond de guitare à peine accordée, les vers d’un des textes les plus malins jamais écrits à propos des pages que le temps ou les circonstances obligent à tourner. Comme les deux autres du coffret “Perfect Pass”, ce CD est agrémenté de titres bonus : versions démos, alternatives ou live.