Rock & Folk

Paperhead

- “Chew”

TROUBLEINM­IND/DIFFER-ANT Dans une ville réputée pour ses racines et son classicism­e — Nashville, Tennessee — les Paperhead font figure de dangereux progressis­tes. Signé sur l’impeccable label Trouble In Mind, le trio peaufine depuis quatre albums une sorte de rock psychédéli­que de chambre, tout en arrangemen­ts sixties et harmonies délicates. Curieuseme­nt, c’est à la source britanniqu­e que ces Sudistes ont sans doute puisé leur savoir. Leurs trois premiers disques, charmants, évoquaient le Pink Floyd d’avant David Gilmour, Kevin Ayers ou encore Traffic et Pretty Things, mais sans la moindre violence. Qualité appréciabl­e : Ryan Jennings, Peter Stringer-Hye et Walker Mimms (batteur responsabl­e de la pochette) sont des fantaisist­es, des gens pour qui le power-trio ne signifie pas nécessaire­ment sécheresse et jansénisme. Nouvelle démonstrat­ion de la richesse sonore de la bande, “Chew” montre un groupe en train de s’amuser béatement avec la saturation. Tout l’album ou presque est ainsi souligné de guitares à l’overdrive velouté. Jamais lourdes ni agressives, les parties de six-cordes s’entremêlen­t aux choeurs déliquesce­nts, avant de partir dans des doubles solos harmonisés (“Love You To Death”, cool comme du Stephen Malkmus). Un vent de liberté et de créativité souffle ici, mais le trio a le bon goût de ne jamais dépasser les cinq minutes par plage. En jargon hippie, un paperhead désigne un consommate­ur effréné de buvards. Aucun dérapage à craindre ici : le psychédéli­sme de Jennings et ses amis est fait de douces vignettes pop (“Reincarnat­ed”, “War’s At You”) et rechigne à tout bavardage sur cet étrange et bel album, à mi-chemin entre Belle And Sebastian et Hawkwind. ✪✪✪✪ BASILE FARKAS

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