The Magpie Salute
EAGLERECORDS/UNIVERSAL Les fanas des Black Crowes n’ont jamais tout à fait retrouvé leurs oisillons dans les aventures solo de ses leaders. Chris Robinson a embarqué sa fraternité dans une vibration californienne et psyché radicalement différente ; les albums de son guitariste de frère Rich sont honnêtes mais pêchent, forcément, en matière de chant. Ce dernier en a tiré les conséquences et a convoqué en août 2016, au prétexte de trois concerts dans l’Etat de New York, d’ex-compagnons de route des Corneilles : Marc Ford, guitariste lead des glorieuses années 1992-1996, Sven Pipien, basse, et Ed Harsch, pianiste et organiste iconique qui a eu la fâcheuse idée de passer l’arme à gauche peu après l’enregistrement de ces séances. Des musiciens du groupe solo de Rich complètent l’équipée (un excellent batteur, trois choristes soul), plus le chanteur John Hogg, prometteur sur “Omission”, unique morceau studio, propulsé par un riff cinglant comme le compositeur des Crowes sut régulièrement en trousser. Réjouissante entrée en matière, et le reste — live, donc — n’est qu’une suite de ravissements. Du Delaney & Bonnie enlevé (“Comin’ Home”, attendu mais parfait), du Band plutôt rare (“Ain’t No More Cane On The Brazos”), du Floyd (“Fearless”), du Faces délicat signé Ronnie Lane (“Glad And Sorry”), du Marley (“Time Will Tell”), deux titres des Crowes dont un “What Is Home” aux airs de superbe inédit de CSN&Y, plus deux ovnis, l’un du vibraphoniste jazz (!) Bobby Hutcherson, et l’autre de War, en forme de furieux labyrinthe funky. Tout ceci d’un goût exquis, déroulé avec une luxuriance typiquement sudiste, et, dans le genre, la meilleure nouvelle depuis des lustres. ✪✪✪✪ BERTRAND BOUARD