Amor Blitz
OCTOBERTONE/LASOUTERRAINE Autrefois, le rock français, c’était facile. Il y avait peu de groupes, et ils étaient tous mauvais. Ou presque. Le tri était vite fait. Ceux qui assuraient vaguement et avaient deux chansons potables (Variations, Téléphone, Noir Désir, Whatever) tiraient leur épingle du jeu. Aujourd’hui, c’est plus compliqué. Tout le monde sait jouer, a du matos, fait des disques léchés, mais n’a plus rien à dire. On s’ennuie grave. Tout ressemble à quelque chose qui a déjà existé et surtout, étouffe sous la volonté de contrôle absolu, l’obsession du bon goût, la peur du ridicule. Alors que dans la pop française, de Polnareff à Christophe, le ridicule a toujours été consubstantiel d’une sorte de génie barré. Les gars d’Amor Blitz n’ont peur de rien. Ils foncent tête baissée, sans se regarder dans la glace. Et ça fait du bien : batterie métronomique hyper tight, guitares sinueuses à la XTC, monstrueuse basse speedée très en avant, le tout parfaitement en place, même quand ça déjante (souvent). Et cette voix aigüe, douce et androgyne, qui pourrait être horripilante, mais s’avère touchante. On pense au regretté Olive de “Sur Ma Mob”, la classe absolue (“Le Hacker”). C’est vrai, les eighties sont maintenant partout. Dans les arrangements, la façon de chanter, d’écrire des textes. C’est bizarre. Souvent énervant. Ici, ça passe, parce qu’il y a autre chose. Du foisonnement. Du délire. Une énergie communicative, envoyée pied au plancher (“Mayday”). Et du talent... C’est tellement n’importe quoi que ça peut aussi tourner seventies, saturé, lourd et psychédélique (“Un bain De Lumière”). Bref, ça part dans tous les sens. Et c’est très bien comme ça. Enfin un truc inclassable ! Bonne surprise.
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STAN CUESTA