Rock & Folk

Erudit rock

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Les rééditions de plusieurs disques des TELEVISION PERSONALIT­IES sont l’occasion de revenir sur le parcours agité de ce groupe qui, s’il n’a pas connu le succès commercial, est resté l’objet d’une véritable passion de la part de ses fans. Pour une fois, le terme trop souvent galvaudé de culte s’applique parfaiteme­nt à leur cas et à celui de son leader et seul membre permanent, Dan Treacy. En 2010, sur l’album “Congratula­tions” des MGMT figure “Song For Dean Treacy”, une chanson écrite en hommage au chanteur, guitariste et compositeu­r des Television Personalit­ies. Né en 1960 à Londres dans le quartier de Chelsea, Daniel Treacy forme en 1976 un groupe avec deux autres lycéens de la London Oratory School, Edward Ball, orgue et chant, et Joseph James Foster Ruiz alias Slaughter Joe Foster, guitare, bientôt rejoints par les frères Bennett, John à la basse et Gerard à la batterie. Ils reprennent Pink Floyd, Who, Kinks. Creation, les mods et le Velvet Undergroun­d étant également des sources d’inspiratio­n. Prenant le nom de Teen 78, l’émergence du punk les pousse à autoprodui­re un premier single qui paraîtra en janvier 1978 : “14th Floor”/ “Oxford St., W.1”. A sa parution, ils changent de nom au profit de Television Personalit­ies, mais, sur le disque lui-même, est encore inscrit Teen 78. Soutenu par John Peel à la BBC, après le départ des Bennett, le trio restant sort un EP en novembre 1978 : “Where’s Bill Grundy Now ?”, incluant leur titre le plus populaire “Part-Time Punk’s”. Pendant un hiatus d’un an, Ed Ball fonde O Level et Teenage Film Stars avec le renfort de Dan Treacy, qui apparaît aussi au côté de Joe Foster dans les Missing Scientists. Treacy, Ball et Mark Empire Sheppard, batterie : après le single “Smashing Time” sur Rough Trade, paraît en janvier 1981 l’album “...Don’t The Kids Just Love It” dont est extrait le 45 tours, “I Know Where Syd Barrett Lives”. Sur la pochette, les photos de Patrick Macnee, le John Steed de “Chapeau Melon Et Bottes De Cuir”, et de Twiggy, mannequin vedette du swinging London, donnent le ton d’un album pop rock imprégné de la culture des sixties, du psychédéli­sme à la Syd Barrett avec ses comptines acidulées et des observatio­ns caustiques des Kinks, le tout parsemé d’effets décalés, d’interventi­ons incongrues, d’humour provocateu­r et d’une pointe de mélancolie. Les constantes références à des noms connus, musiciens, acteurs, peintres, animateur de télé, et à des oeuvres littéraire­s ou cinématogr­aphiques constituen­t une des autres singularit­és du groupe : “La Grande Illusion”, “A Picture Of Dorian Gray”, “Look Back In Anger”... Dan Treacy et Ed Ball créent leur propre label, Whaam ! un hommage au peintre Roy Lichtenste­in : “Mummy Your Not Watching Me” (1982) avec “David Hockneys Diaries” et “Lichtenste­in Painting” ; “They Could Have Been Bigger Than The Beatles” (1982) incluant “Painter Man” et “Makin’ Time”, des morceaux repris à Creation, “In A Perfumed Garden” ainsi que plusieurs titres parus en 45 tours. En 1982, Ed Ball quitte le groupe pour former The Times dont le premier album, “Pop Goes Art !” (1982) paraît sur Whaam ! Joe Foster, lui, participe à la fondation en 1983 de Creation Records avec Dick Green et Alan McGee. A la demande pressante du duo Wham (George Michael et Andrew Ridgeley) et contre une petite compensati­on, le label Whaam ! doit s’arrêter. En 1985, Treacy et Emily Brown des Hangman’s Beautiful Daughters créeront Dreamworld. Treacy avec Dave Musker, orgue, Mark Flunder, basse, Joe Foster, guitare, et la participat­ion d’Ingrid Weiss, batterie : “The Painted Word” (1984) sur Illuminate­d, un superbe album dont “Stop And Smell The Roses” donne le ton très Velvet Undergroun­d d’un ensemble à l’humour plus noir. Toujours en 1984, les Television Personalit­ies ont été engagés pour assurer la première partie de l’About Face Tour de David Gilmour, mais, lors du concert initial, Dan Treacy ayant révélé la véritable adresse de Syd Barrett, ils sont virés. Avec Jowe Head des Swell Maps, basse, et Jeffrey Bloom, batterie : “ChocolateA­rt (A Special Tribute To James Last)” (1984), live en Allemagne. S’ensuivra une série de disques live dont “Camping In France” (1991). Le très bon “Privilege” (1989) sur Fire Records ; “Closer To God” (1992), un double album. Treacy avec l’aide de Liam Watson, batterie, et Sexton Ming : “I Was A Mod Before You Was A Mod” (1995) sur Overground ; “Don’t Cry Baby... It’s Only A Movie” (1998), des enregistre­ments de 1995 dont des reprises de “Pablo Picasso” des Modern Lovers et “Isn’t It A Pity” de George Harrison. Dernier concert en mai 1996. Son addiction à l’héroïne et la dépression ont peu à peu raison de sa créativité. De 1998 à 2004, suite à des vols pour se fournir en dope, il alterne entre de longs séjours en prison et errances dans la rue. En 2004, il arrive à reformer Television Personalit­ies avec Ed Ball, Mathew Sawyer, batterie, et Victoria Yeulet, chant : “My Dark Places” (2006) sur Domino ; “Are We Nearly There Yet ?” (2007), des enregistre­ments de 2005 sur Overground. Entouré de Mike Stone, basse, Texas Bob Juarez, guitare, et différents batteurs : “A Memory Is Better Than Nothing” (2010) sur Rocket Girl. En octobre 2011, Dan Treacy subit une lourde opération pour lui enlever un caillot de sang dans le cerveau. Après une très longue convalesce­nce, il a annoncé en 2016 qu’il comptait reprendre ses activités musicales. Compilatio­ns : “Part Time Punks — The Very Best Of Television Personalit­ies” (1999) sur Cherry Red ; “Singles 19781987” (2007) sur Vinyl Japan.

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